En Allemagne, un entrepreneur germano-russe et sa compagne ont été condamnés pour avoir fourni à la Russie des composants servant notamment à la fabrication de drones Orlan-10.
Après plus de deux années de guerre et d’embargo, l’industrie russe de l’armement est au ralenti, mais continue de tourner grâce à des composants provenant de pays pourtant alliés de l’Ukraine.
En Allemagne, un entrepreneur germano-russe a été condamné à six ans et neuf mois pour avoir fourni aux entreprises russes 120.000 éléments électroniques liés à « la production de matériel et d’accessoires militaires ». Ces livraisons ont commencé en 2020 et se sont poursuivies jusqu’en mai 2023. Complice de cette activité, son épouse, également germano-russe, s’est vu infliger une peine avec sursis d’un an et neuf mois.
Des drones low-cost
Les éléments fournis visaient en partie à produire des drones de reconnaissance Orlan 10, utilisés par l’armée russes contre les Ukrainiens. Ces drones low-cost (moins de 100.000 dollars) sont fabriqués par la société russe Special Technology Center.
Il ne s’agit pas de drones ultra perfectionnés comme le note le site Korii qui décrit « un étonnant bric-à-brac d’éléments (…) dont certains semblent tout droit sortis de nos placards domestiques ».
Quelques éléments sont russes, mais la plupart sont fournis par des entreprises non seulement allemandes, mais aussi américaines, japonaises ou chinoises. Ces composants arrivent en Russie en passant par des états tiers pour tenter d’invisibiliser leur pays d’origine. Les seuls éléments russes de l’Orlan-10 seraient la coque et le système de navigation.
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Pour déterminer ces provenances, les Ukrainiens ont désossé des Orlan-10. Ils ont découvert des éléments improbables comme un appareil photo numérique Canon les prises de vue, un airbag de voiture pour amortir les atterrissages ou même une bouteille en plastique en guise de réservoir.
Des composants de machines à laver
Dès le début de la guerre, la Russie a fait preuve d’ingéniosité pour créer des équipements militaires à bas coût en se procurant des composants improbables pour contourner les sanctions économiques. En 2022, une enquête de Bloomberg révélait une forte hausse des importations de pièces de lave-vaisselle ou de réfrigérateurs pour produire ou réparer de l’armement.
Indice de cette stratégie surprenante: des flux d’importations depuis l’Europe inhabituels dans les pays limitrophes de la Russie, soupçonnés de l’appuyer dans son effort de guerre comme l’Arménie ou le Kazakhstan. Ces deux pays ont acheté en quelques mois ce qu’ils achètent habituellement en plusieurs années. Une fois arrivés en Russie, ces équipements électroménagers étaient dépecés pour récupérer des composants électroniques.
Ces méthodes visaient à contourner les sanctions économiques prises par les Etats membres de l’UE dès l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014. Plusieurs entrepreneurs ont été épinglés ces dernières années par l’Allemagne pour commerce illégal avec la Russie. En août 2023, un suspect germano-russe avait été arrêté pour le commerce de composants électroniques entrant également dans la fabrication des drones Orlan 10. Un autre entrepreneur allemand a aussi été incarcéré pour des soupçons de vente à une firme russe de machines servant à produire des fusils destinés aux tireurs d’élite.
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