L’association Phytéis, qui représente les principaux fabricants de pesticides en France, a plaidé jeudi pour un «changement de méthode» dans l’évaluation des produits phytosanitaires, qu’elle voudrait voir centrée sur «la dangerosité plutôt que les volumes», lors de sa conférence de presse annuelle à Paris. «Il est important de réduire les impacts, pas les volumes» des pesticides, a affirmé le président de Phytéis Yves Picquet, réclamant «un changement de méthode et d’indice» permettant de mesurer les usages, «en choisissant un indicateur européen pour éviter toute distorsion».
Le premier ministre a annoncé la suspension du plan Ecophyto – qui vise une diminution de 50% des pesticides d’ici 2030 par rapport à 2015-17 – pour «mettre en place un nouvel indicateur» qui remplacerait le Nodu, principal outil de mesure de ce plan. Le gouvernement met en avant le HRI1, l’«indicateur de risque harmonisé» européen, calculé en prenant en compte les volumes de substances actives, pondérés par des coefficients censés prendre en compte leur dangerosité.
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Un indice décrié
Ces annonces sont un premier pas dans la bonne direction pour Phytéis, qui estime que le Nodu, «essentiellement basé sur les volumes», ne reflète pas les efforts des agriculteurs qui ont renoncé aux substances actives les plus nocives. Tout en affirmant ne «pas soutenir un indicateur spécifique», Phytéis salue l’effort de l’indice HRI1 pour «prendre en compte la dangerosité plutôt que le volume».
Cet indice européen est décrié par des ONG environnementales comme Générations futures, qui juge que «les coefficients de dangerosité sont trop faibles» et que la classification choisie a pour conséquence de «pénaliser l’agriculture bio». «L’usage de pesticides dangereux homologués à faibles doses peut donner un indicateur plus faible que l’usage de pesticides à bas risque», affirme l’ONG dans un communiqué. «Il n’existe pas d’indicateur parfait», a estimé Yves Piquet, plaidant avant tout pour un «changement de méthode centré sur la coconstruction et l’incitation plutôt que l’obligation punitive».
«Personne n’a envie de sortir son pulvérisateur. Les agriculteurs le font pour protéger leurs cultures», a-t-il assuré, affirmant que le changement climatique, qui fragilise les plantes tout en favorisant insectes et champignons, pourrait peser «jusqu’à 15-20% sur les rendements». Phytéis souligne par ailleurs que la vente de matières actives utilisables en agriculture bio ne cesse d’augmenter et atteint désormais plus du tiers des volumes totaux vendus (37% en 2022).
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