L’industrie des drones stimulée par le champ de bataille

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Effets collatéraux de la guerre en Ukraine, les commandes de drones se multiplient et l’emploi de ces machines à une échelle inédite favorise les innovations.

Cet été, le Canada devrait avoir commencé les livraisons de 800 engins aériens sans pilote offerts au gouvernement ukrainien. D’une valeur de 95 millions de dollars canadiens, ces drones font partie d’une aide militaire plus globale de 500 millions. C’est l’entreprise Teledyne FLIR Defense, basée à Waterloo, en Ontario, qui fabrique le modèle retenu : le SkyRanger R70.

« Sa polyvalence est idéale pour ce type de terrain, explique Serge Merlin, expert chez Teledyne. Le SkyRanger R70 peut recueillir des informations, mais aussi déplacer diverses charges utiles jusqu’à 3,5 kilogrammes. » Il est idéal pour livrer munitions, médicaments, eau et nourriture, voire des instructions aux soldats et aux civils. « Sans compter sa capacité de navigation autonome dans des environnements électromagnétiques brouillés. »

Effort collectif

Drones pilotés en immersion (soit avec des images fournies en temps réel au pilote par une caméra embarquée), quadri­coptères de reconnaissance ou d’aide à l’ajustement des tirs d’artillerie ou encore drones de frappe… les 800 SkyRanger vont rejoindre toutes sortes de modèles envoyés par des fabricants du monde entier, mais également les centaines de milliers d’exemplaires produits localement. Car les Ukrainiens sont aussi à la tâche, avec près de 200 nouvelles entreprises consacrées à ce marché. S’ajoutent à cette flotte des créations maisons de simples particuliers qui adaptent des modèles de base initialement destinés aux loisirs, et les innovations d’ingénieurs et de scientifiques. Parmi ces dernières, celle du jeune Igor Klymenko, actuellement étudiant à l’Université d’Alberta, qui a remporté le prix Chegg.org en 2022 pour son quadricoptère détecteur de métal capable de géolocaliser les mines sur le terrain. Ou encore le projet d’Ihor Kadenko, chef du Département de physique nucléaire de l’Université Taras-Chevtchenko, rencontré à Kyiv. Jusque-là centré sur des recherches fondamentales, le physicien a réorienté une partie de ses travaux pour participer à l’effort de guerre. « Mon équipe travaille au développement de modèles capables de naviguer et de gérer leurs fonctions de manière autonome tout en recherchant des contaminants radioactifs, explique-t-il. L’idée est d’élaborer des modèles de réseaux neuronaux adaptés aux tâches de vision par ordinateur et à l’examen des données relatives aux rayonnements nucléaires. C’est une nouvelle entreprise pour notre département ! »

Et il faut bien une telle mobilisation quand on sait que l’Ukraine a besoin de près de 120 000 drones de toutes sortes par mois pour résister aux attaques de l’armée russe. Elle souhaite également amplifier la guerre technologique, véritable atout dans sa manche dans ce conflit dissymétrique. Ainsi, le gouvernement compte acquérir plus de deux millions de drones en 2024, dont la moitié sera produite dans le pays.

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Photo: avec la permission de Teledyne

Innovation permanente

Si la présence des drones sur le champ de bataille date déjà des années 1980, c’est la première fois que ces instruments sont déployés à si grande échelle. « Le drone n’est pas une technologie de rupture comme ont pu l’être la poudre à canon ou l’aviation, explique Xavier Tytelman, un consultant français spécialiste en aéronautique et défense. Pour autant, il y a un véritable basculement et ces machines sont désormais inscrites dans toutes les doctrines de la guerre. » Ainsi, à l’origine réservés à quelques personnels qualifiés, les drones sont maintenant dans presque toutes les mains sur la ligne de front après quelques jours de formation préalable. Un usage massif qui permet de nombreux – et précieux ! – retours du terrain pour les services de recherche et développement des fabricants.

Le principal souci sur place : gérer une multiplication inédite des pièges électroniques, comme le brouillage des communications, mais aussi le déni de GPS. Cette tactique consiste à induire le drone en erreur sur sa position afin de le faire s’écraser au sol. Pour cela, on interfère avec les ondes de positionnement qu’il reçoit des satellites, soit en les brouillant avec un signal plus fort sur les mêmes fréquences (jamming), ou en envoyant un signal parasite porteur de fausses coordonnées de localisation (spoofing). Un défi qui fait plancher les bureaux d’études qui développent des solutions de navigation autonome dopée à l’intelligence artificielle. Ainsi, des algorithmes de plus en plus efficaces dotent les drones de leurs propres « yeux » afin qu’ils se positionnent sans GPS : couplée à une cartographie embarquée dans la mémoire, cette technologie nommée « odométrie visuelle » consiste à relever des amers (repères visuels) en continu au moyen de capteurs permettant à la machine de trouver son chemin, en particulier celui du retour, tel un Petit Poucet.

Stimulée par une demande et une utilisation en conditions réelles inédites, la conception de drones s’améliore constamment, au gré du premier conflit électronique de haute intensité de l’histoire. Il y aura clairement un avant et un après « guerre en Ukraine » pour cette technologie.

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