L’industrie de la défense déplore la sélection « injuste » des participants aux négociations avec l’OTAN

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La réunion de l’OTAN avec l’industrie de la défense qui s’est tenue jeudi (15 juin) a suscité de vives réactions, principalement de la part de ceux qui n’avaient pas été invités à y participer, ce qui pourrait compromettre les efforts déployés par l’Alliance pour soutenir une augmentation de la production.

Les ministres de la Défense des pays membres de l’OTAN ont rencontré pour la première fois les dirigeants de 25 grandes entreprises occidentales du secteur de la défense afin de les encourager à augmenter leur production dans un contexte de pénurie de munitions.

Ces entretiens ont eu lieu alors que les alliés occidentaux de l’Ukraine étudient les moyens de continuer à lui fournir les équipements militaires nécessaires à repousser les troupes russes.

Les gouvernements ont demandé aux entreprises du secteur de la défense d’augmenter leur production, tandis que les entreprises demandent des signaux clairs de la demande à long terme pour justifier les investissements dans de nouvelles capacités de production, des chaînes d’approvisionnement et du personnel.

« L’une des choses que nous devons reconnaître est que si tout le monde continue à penser “mon industrie”, nous n’y arriverons jamais », a déclaré à EURACTIV la ministre néerlandaise de la Défense, Kajsa Ollongren.

Mais les entreprises et les pays qui n’ont pas reçu d’invitation à la réunion de jeudi ne sont pas satisfaits.

Le secrétariat général de l’OTAN a invité des entreprises particulièrement impliquées dans la fabrication de ce qu’un fonctionnaire de l’Alliance a qualifié de « munitions décisives pour la bataille ».

La liste des entreprises conviées, consultée par EURACTIV, montre qu’elles se concentrent principalement sur la fabrication de munitions, de missiles, de systèmes de défense aérienne et de drones. En outre, elles semblent toutes produire — ou être en mesure de produire — ce dont l’Ukraine a besoin sur le champ de bataille.

Elles fabriquent par exemple des canons Caesar, des javelots, des systèmes de défense antimissile Patriot et HIMARS, ou encore des munitions de l’ère soviétique que l’Ukraine utilise encore.

L’Espagne bloque les projets

Mais cette liste des invités n’a pas été dressée de manière « équitable », ont indiqué à EURACTIV plusieurs représentants de l’industrie qui n’ont pas participé à la sélection, sous couvert d’anonymat.

Par exemple, de grandes entreprises comme Airbus Defence, les Françaises MBDA, Dassault et Safran, l’Américaine Boeing, l’Allemande Diehl, ou des industries spécialisées dans l’électronique, comme l’Allemande Hensoldt, ou encore le fabricant de munitions espagnol Expal, racheté par Rheinmetall, n’ont pas été invitées.

Les critères de sélection n’étaient pas clairs, ont expliqué à EURACTIV différents représentants de l’industrie, qui avaient fait pression pour obtenir leur place à la table des négociations.

Même si aucun résultat concret n’est attendu des discussions, ils auraient aimé être inclus par principe, ont déclaré les sources industrielles.

L’OTAN a envisagé de mettre en place un plan pour identifier les objectifs d’investissement et pour regrouper les signaux de la demande, en épinglant les équipements transatlantiques standardisés des membres de l’alliance pour l’industrie.

En signe de protestation contre le fait qu’aucune entreprise espagnole n’ait été invitée, la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a refusé d’approuver le début des travaux sur le plan d’action pour la production de matériel de défense tant l’on ne prenait pas en compte l’avis des entreprises espagnoles, a rapporté El Paìs.

Par la suite, Mme Robles a également boycotté la réunion, selon le quotidien espagnol.

Les difficultés de l’UE

Les difficultés rencontrées pour établir une liste d’invités ont également empêché l’UE d’organiser une telle réunion.

L’UE a lancé différentes politiques industrielles pour stimuler la production d’équipements militaires, en particulier de munitions, et les achats communs pour combler les lacunes.

Il était prévu d’inviter un certain nombre d’industries de défense à participer à une réunion ministérielle, en signe de soutien à l’accroissement des capacités de production. Toutefois, ce projet est tombé à l’eau, les ambassadeurs des Vingt-Sept n’étant pas parvenus à se mettre d’accord sur la liste des invités, selon des diplomates de l’UE.

Lors des négociations de l’OTAN, l’UE était représentée par le chef de la diplomatie de l’Union, Josep Borrell, selon l’une des personnes présentes.

Mme Ollongren a qualifié les discussions de « dialogue entre personnes » et non de « table ronde formelle ».

« Pour l’Ukraine, nous avons vraiment besoin de tous, nous devons simplifier les choses et réduire les différences, car l’importante fragmentation que nous constatons également du côté de l’OTAN et que nous exportons maintenant vers l’Ukraine n’est pas quelque chose qui nous rend forts », a-t-elle déclaré.

[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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