Les drones sous-marins, nouveaux alliés de la protection de la Méditerranée

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En septembre 2022, Naval Group dévoilait son intention d’installer en 2027 à La Londe-les-Maures (Var) un centre de conception de drones, de systèmes autonomes et d’armes sous-marines, pour un montant de 140 millions d’euros. Le projet se peaufine et devrait se préciser début 2024. Si la défense reste plus que jamais un vecteur d’expansion du secteur des engins sous-marins autonomes et robotisés, le secteur civil affiche aussi des besoins prometteurs pour l’exploration par drones de la Méditerranée. Au point qu’un Club Sud Drones, rassemblant une centaine d’acteurs privés et publics, structure la filière de Provence-Alpes-Côte d’Azur pour l’aider à se développer.

Cet automne, la PME marseillaise de 20 salariés Subsea Tech (2,5 millions d’euros de chiffre d’affaires) mobilisera des engins de sa flotte pour le parc national des Calanques à Marseille (Bouches-du-Rhône) en vue de «monitorer» les fonds marins. Pivot de ce projet, le Seacat USV est un drone de surface de type catamaran, véritable plateforme multidrones, apte à gérer et contrôler des robots autonomes sous-marins comme des véhicules aériens sans humain à bord. Pour Yves Chardard, le fondateur et président de Subsea Tech, les préoccupations environnementales motivent des cas d’usage de plus en plus variés. «Nous essayons d’anticiper les demandes à deux ou trois ans pour fournir une solution opérationnelle juste à temps, confie-t-il. Aujourd’hui, l’oil and gas n’est plus regardé d’un œil favorable, au contraire de l’éolien et des questions environnementales, qui montent en puissance en France et à l’étranger.»

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Subsea Tech a été distingué au concours d’innovation EDF Pulse 2023. EDF Renouvelables recherchait des solutions de prévention et de suivi du «biofouling» (accumulation d’organismes aquatiques sur des supports immergés) pour ses éoliennes flottantes de Provence Grand Large, en cours d’implantation dans le golfe de Fos. «C’est une réelle opportunité pour réaliser, dès 2024, des démonstrations de nos services», se réjouit le dirigeant. L’entreprise s’investit parallèlement dans un projet européen de R&D sur le ramassage des déchets lourds (pneus, épaves, systèmes explosifs…) qui parsèment les fonds marins. «Un véritable besoin dans les zones côtières et portuaires», assure Yves Chardard.

Recherche de sources d’eau douce

Implanté à Six-Fours-les-Plages (Var), Marine Tech développe un autre type de drones susceptibles d’agir sur la pollution marine ou lors de missions océanographiques ou d’inspection… Ses engins, baptisés RSV (pour Remote survey vehicle), peuvent mesurer, par exemple, la concentration de substances polluantes sur un site. Mais dans un contexte tendu sur la ressource en eau, la PME les emploie aussi à la détection de sources d’eau douce sous-marines en les dotant de sondes de salinité et de technologies acoustiques. «Quand on a identifié ces rivières naturelles souterraines, on peut envisager de les capter. Il y a un vrai marché», confie le PDG, Thierry Carlin, qui coopère également avec la Direction générale de l’armement (DGA) sur le sujet des grands fonds marins.

À Rousset (Bouches-du-Rhône), Alseamar (groupe Alcen) conçoit et fabrique des planeurs sous-marins (gliders) capables de se déplacer en autonomie à de grandes profondeurs durant des mois et d’y recueillir des milliers de données. Depuis deux ans et jusqu’à la fin de l’année, ses Sea Explorer parcourent à Mayotte une colonne d’eau, de la surface jusqu’à 1 000 mètres de profondeur, afin d’y détecter les panaches d’un volcan sous-marin et d’alerter sur son activité. Alseamar dispose déjà d’appareils pour explorer jusqu’à 3 000 mètres (Deep Explorer) et demain jusqu’à 6 000 mètres (Ultra Deep Explorer). De quoi répondre aux ambitions du volet Grands fonds de France 2030, qui prévoit d’y consacrer 300 millions d’euros. Mais l’entreprise propose aussi des services de surveillance plus «modestes», entre 0 et 200 mètres, dans les zones littorales. «Nous avons conduit une expérimentation avec une commune afin d’évaluer la qualité des eaux de baignade. Nous collaborons également avec de grands groupes de l’eau et de l’assainissement. Mais il faut y mettre des moyens financiers. Tant qu’il n’y aura pas d’obligation réglementaire, ces clients auront des intentions, mais pas la volonté d’investir», prévient Marc Boissé, le PDG.

Impliquer les collectivités locales

Né fin 2022 de la fusion d’ECA Group et iXblue, Exail Technologies, dans le Var, se félicitait ce printemps de sa vente de drones de surface DriX à «un client civil en Europe dans le domaine océanographique», et à un autre en Asie-Pacifique. Le groupe note des perspectives en mer du Nord et aux États-Unis sur des opérations maritimes civiles. Mais c’est la défense qui tire sa croissance. Directeur général de System Factory à Ollioules (Var), cluster d’ingénierie de systèmes complexes, Stéphane Claisse juge que les «challenges» proposés par la DGA et la Marine nationale aux start-up et PME les aident à imaginer des briques innovantes potentiellement déclinables pour la protection de l’environnement.

«Même quand des réponses existent, aucune collectivité ne semble prête à payer pour doter ses plages ou son littoral, regrette-t-il. System Factory promeut les opportunités de marchés pour les entreprises. Quand je cherche des clients, j’en vois dans la défense, mais quasiment aucun sur les projets environnementaux, sauf s’ils sont financés par l’État ou l’Ifremer [Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, ndlr]. Il est difficile pour des TPE et PME de s’investir sans visibilité de client ou de marché.» La région Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Pôle Mer Méditerranée espèrent les aider avec leur appel à manifestation d’intérêt sur «les drones marins et sous-marins au service de l’environnement et de la biodiversité». Des démonstrations devraient être lancées à l’automne.

Un centre d’essais ouvert aux problématiques territoriales

L’Onera a annoncé en juin, au salon du Bourget, faire du Centre régional de ressource drone (C2RD) de Pourrières (Var) l’un des piliers de son initiative « Bâtir une filière des centres d’essais drones français ». Créé en 2008, ce centre d’essais de 85 hectares, géré par le groupe Défense Conseil International, propose aux acteurs de la filière drones de suivre des formations, assister à des démonstrations, faire des essais de jour et de nuit. Le C2RD possède une piste d’envol de 300 mètres, deux zones de tests, un couloir aérien de 12 km pour des essais de longue portée et une zone en mer. « Nous voulons en faire un centre de conseil et d’appui pour que les collectivités locales y définissent leurs besoins, puis expérimentent l’intérêt des solutions drones terre-air-mer pour leurs problématiques territoriales », explique Magali Jaffard, la directrice adjointe du pôle de compétitivité de l’aéronautique Safe Cluster. #

 

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