L’Allemagne a démenti vouloir se désengager du programme de défense SCAF (Système de Combat Aérien du Futur), projet à 100 milliards d’euros partagé entre la France, l’Allemagne, l’Espagne et la Belgique comme observateur. «Les informations des médias sont fausses, a assuré un porte-parole du ministère allemand de la Défense. Le premier démonstrateur du SCAF est en cours de développement. Nous sommes sur la bonne voie et nous nous y tenons». Une réaction officielle serait également en cours de rédaction.
Tout est parti d’un article publié le 1er novembre sur le site du quotidien britannique The Times. Citant des sources proches du gouvernement du chancelier allemand Olaf Scholz, tout en restant au conditionnel, le journal avait affirmé que Berlin, lassé des retards et du coût du SCAF, serait prêt à se rallier à l’alliance GCAP (Global Combat Air Programm), qui compte, outre la Grande-Bretagne, l’Italie et le Japon. Le journaliste avançait qu’en échange, l’Allemagne serait prête à lever son véto empêchant les Britanniques de signer un contrat de vente de 48 nouveaux Eurofighter avec l’Arabie Saoudite.
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L’Allemagne reste mais veut accélérer le calendrier
Suite à cet imbroglio, Ingo Gerhartz, chef d’Etat-Major de la Luftwaffe, a pris la parole pour confirmer l’intérêt de l’Allemagne à rester dans le SCAF, qui est un système des systèmes comprenant un avion de combat de 6ème génération (le NGF), mais aussi des moyens de communication et des drones. Il a toutefois insisté sur la nécessité d’accélérer sur cette dernière technologie bien avant 2040, date prévue pour le SCAF.
«La guerre en Ukraine a accéléré les calendriers et les besoins des armées européennes, indique-t-il dans le journal spécialisé Defence News. Le SCAF doit déboucher sur des téléporteurs beaucoup plus tôt». Les téléporteurs sont un terme générique pour désigner différents types de drones permettant la reconnaissance, le brouillage électronique ou encore les frappes. Selon lui, une accélération du calendrier sur ces équipements serait tout à fait faisable, d’autant plus que Airbus Defence and Space (DS), responsable du développement des télépilotes dans le SCAF, travaille déjà sur la conception du drone furtif LOUT (Low Observable UAV Testbed).
Un démonstrateur à l’étude
Toujours est-il que l’article du Times a su toucher la corde sensible. Car le SCAF, aujourd’hui sur les rails avec la mise en route de l’étude et de la conception d’un démonstrateur, n’a pas toujours connu cette vitesse de croisière. Il a au contraire souffert de nombreuses tensions entre les partenaires industriels, Dassault Aviation côté français et Airbus DS côté allemand. Si la hache de guerre est enterrée, l’entente reste fragile.
De plus, ces difficultés font écho à celles que connaît l’autre coopération de défense franco-allemande, le MGCS (Main Combat Ground System), équivalent du SCAF mais pour l’armée de terre. Celui-ci vise à développer un nouveau char de combat afin de remplacer les blindés Leclerc et Leopard 2 à partir de 2035-40. Mais sur ce dossier aussi, Paris et Berlin ont des besoins technologiques et de projection sur le terrain radicalement divergents. D’autre part, des industriels allemands ont récemment pris la tête d’un consortium spécialement créé pour répondre à l’appel à projet européen FMBT (Future Main Battle Tank), visant à développer parallèlement des technologies pour les chars du futur.
Le gouvernement d’Olaf Scholz a beau se défendre en argumentant du fait que les programmes de défense restent avant tout économiques et industriels sur lesquels il n’a pas la main, l’annonce n’est pas du meilleur effet. Pour autant, il semble peu probable que Berlin décide de quitter le SCAF, dont il est à l’initiative, pour rejoindre le GCAP où il deviendrait un partenaire secondaire derrière le Royaume-Uni et le Japon. En outre, cette décision risquerait de plonger le couple franco-allemand dans une crise inédite.
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