La frégate française Languedoc attaquée par deux drones en provenance des côtes du Yémen

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La frégate multi-missions (FREMM) Languedoc de la Marine Nationale a abattu deux drones qui « se dirigeaient droit sur elle », en provenance des côtes du Yémen, a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche le ministère des armées. Elle est armée notamment de huit missiles antinavires MM-40 Exocet, du système surface-air antimissiles (missiles Aster 15) et de missiles de croisière naval MdCN. Interrogée par La Tribune, la Marine nationale ne donne pas « à ce stade » d’informations sur le type de drones abattus et ne souhaite pas non plus préciser avec quel effecteur la frégate Languedoc les a neutralisés « pour ne pas donner d’éléments d’appréciation à ses adversaires ».

« L’interception et la destruction de ces deux menaces caractérisées ont eu lieu vers 21h30 puis vers 23h30 (heures françaises) à 110 km des côtes du Yémen, à hauteur de Al Hudaydah », a précisé le ministère dans son communiqué.  Le port Al Hudaydah est un port du nord du Yémen sous contrôle des rebelles Houthis. Ces derniers ont menacé samedi d’attaquer tout navire dans la mer Rouge se dirigeant vers Israël si la population de la bande de Gaza ne recevait pas une aide d’urgence.

Une frégate « combat proven »

Longue de 140 mètres, la frégate Languedoc dotée d’une tourelle de 76 mm, de deux canons de 20 mm et de quatre mitrailleuses de 12,7mm, opère en mer Rouge sous chaîne de commandement nationale. Depuis le mois d’août, elle est déployée dans la zone de responsabilité du commandant de la zone maritime de l’océan Indien (ALINDIEN). Dans ce cadre, la frégate Languedoc a intégré le groupe aéronaval américain Dwight D. Eisenhower entre le 16 et le 18 novembre. Avec ces missions, la France réaffirme son engagement en matière de surveillance maritime, de préservation de la liberté de circulation et de lutte contre les trafics.

En 2018, la frégate Languedoc avait participé aux frappes aériennes occidentales contre des positions militaires du régime syrien en réaction à une attaque chimique à Douma, près de Damas.

Les Houthis au soutien des Palestiniens

Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux avant l’annonce française, les Houthis ont déclaré qu’ils « empêcheraient le passage des navires se dirigeant vers l’entité sioniste » si les habitants du territoire palestinien, bombardé par Israël depuis deux mois, ne recevaient pas plus d’aide humanitaire, comme de la nourriture et des médicaments. Quel que soit le pavillon sous lequel les navires naviguent ou la nationalité de leurs propriétaires ou opérateurs, ceux à destination d’Israël « deviendront une cible légitime pour nos forces armées », estiment les Houthis. Tous les « navires liés à Israël ou qui transporteront des marchandises » vers Israël ne sont pas les bienvenus en mer Rouge, zone stratégique située entre le nord-est de l’Afrique et la péninsule arabique, ont-ils ajouté.

Cette dernière mise en garde des Houthis survient dans un contexte de tensions accrues en mer Rouge depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée le 7 octobre après une attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien en sol israélien. En représailles, Israël bombarde la bande de Gaza qu’elle assiège depuis le 9 octobre. L’aide humanitaire y entre au compte-gouttes et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, évoque un « contexte humanitaire cauchemardesque ».

Élargissement du conflit ?

Côté israélien, le chef du Conseil national de la sécurité Tzachi Hanegbi a dénoncé un « siège naval ». « Si le monde ne s’occupe pas de ça, parce qu’il s’agit d’un problème d’ordre international, nous agirons pour mettre un terme à ce siège naval », a-t-il prévenu. La semaine dernière, les Houthis avaient attaqué deux navires au large des côtes yéménites, dont un navire battant pavillon des Bahamas, en affirmant qu’ils appartenaient à des Israéliens.

Un destroyer américain avait abattu la semaine dernière trois drones en portant assistance à des navires commerciaux en mer Rouge visés par des attaques depuis le Yémen, selon Washington, qui avait dénoncé « une menace directe » pour la sécurité maritime. Le 19 novembre, les Houthis se sont emparés du navire marchand Galaxy Leader qui appartient à une société britannique elle-même propriété d’un homme d’affaires israélien. Les Houthis ont également lancé une série de drones et de missiles en direction d’Israël. De nombreux engins ont été interceptés par Israël ou des bateaux de guerre américains.

Michel Cabirol

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