Un effort exceptionnel de la France pour sa défense. Les armées vont bénéficier d’un budget de 413 milliards d’euros pour la période 2024-2030. Le projet de loi de programmation militaire prévoit ainsi une augmentation des crédits pour les armées de plus de 30% par rapport à la loi précédente (2019-2025). «C’est un effort sans précédent», indique-t-on dans l’entourage du ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Grâce à des augmentations 3 milliards d’euros par an d’une année sur l’autre, le budget annuel des armées va passer de 32 milliards d’euros en 2017 à 69 milliards d’euros en 2030. L’effort de défense atteindra des 2% du PIB de la nation dès 2025, seuil recommandé par l’Otan.
La guerre en Ukraine, et la prise de conscience que la France pourrait être engagée dans un conflit de haute intensité dans la durée, sont passées par là. Deux raisons sont évoquées au ministère des Armées pour justifier cet effort inédit: «D’une part, la dégradation très rapide du contexte géopolitique, avec le retour de menaces que l’on a cru, pendant un certain temps, disparues. Et d’autre part, l’apparition de très nombreux sauts technologiques dans de nombreux domaines. Et ces sauts technologiques ont un coût». Même en prenant en compte l’inflation, dont le coût est évalué à 30 milliards d’euros sur la période de la LPM, l’effort en faveur des militaires reste d’une ampleur exceptionnelle.
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A quoi va servir cet argent? Tout d’abord, à renforcer la dissuasion nucléaire, qui reste l’alpha et l’oméga de la doctrine militaire française, le bouclier ultime pour dissuader n’importe quel adversaire de s’attaquer aux intérêts vitaux du pays. Ainsi, les deux composantes de la dissuasion seront renouvelées. Pour la composante océanique, il est prévu ainsi que les SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins) de troisième génération, entrent en service en 2035.
Des frégates et des sous-marins pour la marine
Pour la composante aérienne, le missile air-sol moyenne portée amélioré rénové (ASMP-R) du Rafale doit entrer en service durant cette LPM. La préparation de son successeur l’Air-Sol nucléaire de quatrième génération ASN4G est déjà engagée. Cet argent va aussi largement renforcer l’arsenal conventionnel des trois armées.
L’armée de Terre poursuivra le renouvellement de ses différents matériels avec la réception de différents véhiculés blindés dans le cadre du programme Scorpion (véhicules Griffon, Jaguar, Serval, char Leclerc rénové…) et de canons Caesar fabriqués par Nexter. Toutefois l’arrivée des véhicules blindés se fera à un rythme moins rapide que prévu, au grand dam des industriels concernés (Nexter, Thales, Arquus, Safran…). Le parc d’hélicoptères sera rajeuni avec des appareils Tigre, NH90 et HIL (hélicoptère interarmées léger) qui seront fournis par Airbus Helicopters.
Qui décrochera la constellation de satellites militaires?
D’ici à 2030, la marine recevra également de nouveaux bâtiments, dont trois frégates de défense et d’intervention et six sous-marins nucléaires d’attaque. Par ailleurs, des grands programmes ont été lancés: le porte-avions de nouvelle génération qui va succéder au Charles de Gaulle, et le sous-marins SNLE 3G de la dissuasion. Naval Group comme intégrateur, Thales comme fournisseur de radar, ainsi que TechnicAtome pour la partie liée à la propulsion nucléaire, sont aux avant-postes de ces programmes.
Quant à l’armée de l’Air et de l’Espace, elle engagera son passage au tout-Rafale et verra le renforcement de sa flotte de transport stratégique. Des programmes qui bénéficieront au fabricant de l’avion de combat, Dassault Aviation et ses grands partenaires (Safran pour la motorisation, Thales pour l’électronique) et sa chaîne de 500 sous-traitants. Le groupe Airbus bénéficiera quant à lui des commandes d’avions de transport A400M, avec comme cible une flotte d’une trentaine d’appareils d’ici à 2030.
Les fabricants de satellites Thales Alenia Space et Airbus Defence Space ne seront pas les seuls bénéficiaires du renforcement des capacités spatiales militaires. Ils seront en compétition directe pour fournir la prochaine constellation de satellites de télécommunications sécurisées qui doit remplacer le quatrième exemplaire des satellites Syracuse. Dans le domaine de l’observation et de la surveillance de l’espace, où les armées veulent renforcer leurs capacités, Safran, ArianeGroup, Thales et le centre de recherche aérospatial de l’Onera, disposent de solutions en compétition. Par ailleurs, la PME toulousaine Hemeria développe un satellite patrouilleur-guetteur pour les armées. Au total, 6 milliards d’euros seront consacrés aux activités militaires spatiales entre 2024-2030.
16 milliards d’euros pour les munitions…
La guerre en Ukraine marque évidemment de son empreinte cette LPM. Le conflit a montré la nécessité de disposer de stocks de munitions en grande quantité pour faire face à des combats de haute intensité et qui durent. Il y a donc urgence à renouveler le stock de munitions. De tout genre: obus de 155 mm, missile anti-char, missile de longue portée anti-navire, intercepteur air-air, torpilles lourdes… Au total, 16 milliards d’euros seront consacrés à la consolidation et la re-complétude des stocks. Le missilier européen MBDA, Nexter fabricant de munitions de moyens et gros calibres ainsi que le spécialiste des explosifs Eurenco, qui vient de lancer une nouvelle unité de production de poudre à Bergerac (Dordogne), devraient en être les principaux bénéficiaires.
Au-delà des munitions, les avions, navires et blindés doivent également être… disponibles. Pour cela, le budget de maintenance des équipements est en hausse de 40% et va être porté à 49 milliards d’euros sur la période 2024-2030. De quoi ravir les fabricants qui assurent généralement la maintenance en condition opérationnelle de leurs plateformes, même si leurs clients exigent de leur part une réduction du coût total de possession.
Cette LPM consacre aussi le rôle majeur des drones dans la guerre. L’armée de Terre sera dotée, à horizon 2025, de 1 200 systèmes drones. «Les drones font désormais partie intégrante de l’équipement et sont présents dans les airs, sur terre, sur, et sous la mer. Ils constituent une caractéristique du combat de demain. Leur rôle est essentiel du niveau stratégique au niveau tactique», souligne un document du ministère des armées de préparation à la LPM. Le ministère souhaite mettre en place une filière française de munitions téléopérées et d’atteindre la capacité de vol en essaims d’ici à 2030.
… Et 5 milliards pour les drones
5 milliards d’euros seront consacrés aux drones sur la période 2024-2030. De quoi aiguiser l’appétit des grands groupes comme Thales, Safran, MBDA, Airbus mais aussi de plus petits acteurs comme Novadem, Parrot sur le segment des drones aériens, mais également de Naval Group, Thales et Exail Technologies et Nexter dans les domaines navals et terrestres. Une somme équivalente sera également investie dans le domaine de la défense sol-air. Il s’agit notamment de faire face aux nouvelles menaces des missiles hypersoniques, de renouveler les systèmes d’armes assurant la défense à courte et moyenne portée et de muscler la lutte anti-drones. Cinq milliards seront également investis dans le domaine du renseignement et de la contre ingérence.
Malgré la hausse inédite du budget des Armées, le ministère reconnaît qu’il devra réviser le rythme de l’arrivée de certains systèmes d’armes même si les cibles finales restent inchangées. «On a du faire des choix et quelques matériels pourraient ne pas arriver en nombre aussi important que prévu dans la précédente LPM à l’horizon 2030», reconnaît-on dans l’entourage du ministre. L’armée de Terre en fera essentiellement les frais et le programme de modernisation de ses véhicules blindés. Ainsi, sur les près de 1 900 véhicules Griffon de transport de troupe commandés aux armées depuis 2019, des centaines de véhicules de ce type ne seront pas au rendez-vous.
Des cadences à la baisse pour les blindés
Concernant les nouveaux véhicules blindés multi-rôles légers Serval, qui équipent les unités d’infanterie des brigades légères, là également des centaines de véhicules feront défaut sur les 1 000 prévus. Par ailleurs, une centaine de véhicules de reconnaissance et de combat Jaguar sur les 300 ne seront pas livrés avant 2030 comme prévu.
Une mauvaise nouvelle pour l’armée de Terre, mais également pour les industriels impliqués dans leur production: Nexter (maître d’œuvre du programme Scorpion), Thales, fournisseur de l’électronique, et Arquus pour la partie mobilité, ainsi que Safran (optronique). Pour compenser ces équipements, les armées devront prolonger des matériels déjà dans les forces, principalement les chars AMX 10 RC (dont certains exemplaires doivent être livrés à l’Ukraine) et les VAB (Véhicule de l’avant blindé ultima de dernière génération).
Sur l’ensemble de ces programmes, les négociations entre le ministère des Armées et les industriels de l’armement ont déjà démarré. «Il faut que cet argent soit le mieux employé possible. Il faut que tout ça soit au bon prix et dans les calendriers plus raisonnables», insiste-t-on du côté du ministère des armées. Le gouvernement souhaite que la loi de programmation militaire soit adoptée avant le 14 juillet.
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