Une courte vidéo de mauvaise qualité dans laquelle se distinguait vaguement la forme d’un navire illuminé par une puissante explosion : c’est tout ce qu’il a fallu à l’Ukraine pour célébrer le 14 février la destruction du Tsezar Kounikov, navire de débarquement russe attaqué par une meute de drones kamikazes au large de la Crimée. Ce succès entérine l’incapacité de Moscou à se déplacer librement dans la mer Noire face à un adversaire pourtant dépourvu de marine de guerre. Mais il vient surtout encourager le commandement ukrainien dans son choix de parier sur sa propre industrie de guerre : le Magura V5, drone maritime au profil effilé, est de conception et de construction ukrainiennes.
Muscler l’industrie domestique est un chemin semé d’embûches, à l’heure où Moscou concentre ses frappes de missiles sur les sites de production ukrainiens, et où les retards d’aide financière occidentale mettent en péril les commandes. Mais la stratégie est logique. La subordination de l’effort de guerre ukrainien au bon vouloir de ses alliés constitue une « vulnérabilité critique de l’Ukraine » selon Oleksiy Melnyk, analyste au Centre Razoumkov. D’autant plus que l’aide américaine est actuellement paralysée par le Congrès, et risque de se tarir en cas de retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Raison pour laquelle Kiev tente désormais de réduire sa dépendance dans tous les domaines envers l’aide extérieure.
Systèmes utiles et bon marché
Dont acte. Rien qu’en 2023, Kiev assure avoir multiplié par trois sa production industrielle de défense, dans un secteur employant actuellement plus de 300 000 Ukrainiens dans près de 500 entreprises. « On a multiplié le nombre d’employés par six», assure à La Croix Vladislav Belbas, le PDG d’Ukrainian Armor, une société d’armement qui participe notamment à la fabrication du Bohdana, un canon automoteur proche du Caesar français. La pièce d’artillerie n’existait au début de l’invasion russe que sous forme de prototypes. Il en sort désormais six exemplaires par mois des usines ukrainiennes.
Le secteur privé a aussi largement mis la main à la pâte, en profitant notamment d’une ample dérégulation visant à encourager la production de drones. Répartis dans une vingtaine de discrets ateliers changeant de lieu tous les deux ou trois mois pour éviter les frappes russes, les ouvriers de TAF Drones assemblent près de 20 000 drones kamikazes par mois, et travaillent au même moment à la conception d’aéronefs non habités d’une portée de 200 kilomètres. « Notre stratégie est simple, c’est de fournir à l’armée une variété de systèmes utiles et bon marché», explique Oleksandr Yakovenko, dirigeant de la structure.
Mais une demande domine les autres : les obus. En particulier ceux de 155 mm, calibre de pièce d’artillerie standard dans les armées de l’Otan, et de 152 mm, équivalent soviétique. « Mais pour ça il nous manque un cycle de production complet », grogne Vladislav Belbas, d’Ukrainian Armor. La poudre à canon, goulot d’étranglement de cette chaîne logistique, fait particulièrement défaut.
Le soutien occidental restera déterminant
Alors l’Ukraine compense, et s’adapte. En privilégiant la fabrication de drones à moyenne et longue portées pour frapper loin dans le territoire russe. En profitant d’une artillerie occidentale permettant de frapper plus loin et plus précisément que leurs équivalents soviétiques. Et en rusant. Dans un bureau studieux de la banlieue de Kiev, Pavlo Narozhny, fondateur de l’ONG Reactive Post, spécialisée dans le soutien aux unités d’artillerie ukrainienne, montre en souriant une photo sur laquelle il porte le canon d’une imposante pièce d’artillerie. « Du carton, sourit-il, on construit des tonnes de leurres comme ça.»
Suffisant ? Bien sûr que non. Mais personne, en Ukraine, ne se fait d’illusion. « Tout le monde comprend que l’Ukraine ne peut pas atteindre la parité avec la production industrielle russe », explique Oleksiy Melnyk. En 2024, comme les deux années précédentes, le soutien occidental restera, pour l’Ukraine, déterminant.
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