Le char T-80 russe avance en ligne droite sur un chemin enneigé, non loin d’Avdiivka, dans la région de Donetsk. Un drone ukrainien surgit, le prend en chasse, puis percute, muni de sa charge explosive, son blindage arrière, pile à la jonction entre son châssis et sa tourelle : son point faible. Le blindé disparaît aussitôt dans une immense gerbe de flammes, vraisemblablement causée par l’explosion de ses propres munitions.
Publicité
A l’origine de cette scène captée mi-janvier dans l’Est ukrainien, l’attaque d’un drone FPV (pour « first-person view », que l’on peut traduire par « vue subjective » ou « vol en immersion »), une arme redoutable de plus en plus utilisée sur le front par les deux camps. « Ce sont généralement de petits drones civils de course très rapides et très maniables qui ont été modifiés pour pouvoir transporter des explosifs, détaille Yohann Michel, chercheur sur les questions de défense à l’Institut international d’études stratégiques (IISS). Cela leur permet de frapper des cibles avec une grande précision, même si elles sont en mouvement. »
Contrôlés à distance par un opérateur doté de lunettes de réalité virtuelle, relié en temps réel à la caméra installée à l’avant de l’appareil, les drones FPV – qui peuvent se déplacer à plus de 100 kilomètres/heure – sont capables d’opérer dans des zones particulièrement difficiles d’accès. « Ils peuvent se faufiler dans un bunker ou une tranchée et venir frapper des lieux compliqués à atteindre pour l’artillerie », illustre Léo Péria-Peigné, chercheur en armement et prospective à l’Institut français des relations internationales (Ifri).
« C’est comme si vous entriez dans un nid de frelons »
Leur efficacité sur le champ de bataille n’est plus à démontrer. « Les drones FPV sont utilisés conjointement avec l’artillerie pour cibler les véhicules des forces russes, pointait dans une récente note le renseignement britannique. Un blogueur militaire russe estime que 90 % de l’équipement militaire russe dans le secteur de Krynky [Sud-Ouest] a été détruit. »
Autre avantage non négligeable : leur coût. Le prix d’un engin s’échelonne ainsi entre 500 et 1 000 euros selon les modèles, contre environ 8 000 euros pour un obus de 155 mm, dont les stocks se font rares après bientôt deux ans de guerre. « Un petit drone de quelques centaines d’euros peut venir à bout d’un char valant plusieurs millions, souligne Xavier Tytelman, ancien aviateur militaire et expert aéronautique. Mais ils sont aussi utilisés directement contre les soldats grâce à des charges spécifiques contenant des shrapnels [munitions libérant des fragments lors de l’explosion]. »
Un cauchemar pour les troupes engagées sur le front. « Il y a beaucoup de drones ennemis. Lorsque vous entrez dans un village de la ligne de front, c’est comme si vous entriez dans un nid de frelons – tout bourdonne, a alerté le 14 janvier, sur le réseau social Telegram, Dmitri Rogozine, ex-patron de l’agence spatiale russe Roscosmos, aujourd’hui sénateur de la région occupée de Zaporijia. A l’entrée, des drones FPV ennemis sont en service dans les airs. Par paires. L’un attaque immédiatement, l’autre ajuste sa position sur le point d’impact, puis attaque ceux qui se précipitent au secours de la victime. »
Production de masse
Sur les réseaux sociaux, les images de leurs frappes kamikazes sont devenues quotidiennes. Au point d’entamer le moral des combattants des deux camps. « Les drones simples avaient déjà un impact psychologique, mais il est démultiplié avec les drones FPV : si vous êtes pris pour cible, vous avez peu de chances d’en réchapper », relève Léo Péria-Peigné, de l’Ifri. Ce qui implique en parallèle de renforcer les moyens de lutte pour s’en prémunir. « Cela va nécessiter d’avoir des systèmes de guerre électronique au plus bas échelon tactique, abonde Yohann Michel, de l’IISS, comme des petits brouilleurs équipant tous les véhicules pour assurer leur protection. »
Après bientôt deux ans de guerre, Kiev entend intensifier l’utilisation des drones FPV sur le champ de bataille. Le 19 décembre, Volodymyr Zelensky a fixé l’objectif d’en produire 1 million en 2024 (à titre de comparaison, 50 000 ont été fabriqués en décembre). « Il s’agit d’une priorité évidente pour notre pays et d’un moyen très concret de protéger la vie de nos soldats », a assuré le président ukrainien. Pour enfoncer le clou, le vice-Premier ministre et ministre de la Transformation numérique, Mykhaïlo Fedorov, a même appelé mi-janvier tous les Ukrainiens à suivre une formation pour apprendre à assembler ces engins chez eux, afin de les fournir ensuite à l’armée.
En face, la Russie a aussi intensifié ses efforts en la matière. En 2023, « plus de 3 500 opérateurs de drones FPV ont été formés », a indiqué le ministère de la Défense, début janvier. « Les Russes avaient du retard dans ce domaine, mais ils ont fait de gros investissements pour tenter de le rattraper », résume Xavier Tytelman. A l’automne, un concepteur russe a ainsi annoncé l’arrivée d’un drone équipé d’une imagerie thermique, capable d’opérer la nuit. La course à la technologie ne fait que commencer.
La chronique a été générée du mieux possible. Dans la mesure où vous envisagez de mettre à disposition des informations supplémentaires à cet article sur le sujet « Pilote de Drone pour nouveaux points de vues » vous pouvez adresser un message aux contacts indiqués sur ce site web. comzy.fr est une plateforme numérique qui archive diverses actualités publiées sur le web dont le domaine de prédilection est « Pilote de Drone pour nouveaux points de vues ». Ce texte autour du thème « Pilote de Drone pour nouveaux points de vues » fut sélectionné sur le web par les spécialistes de la rédaction de comzy.fr. En consultant régulièrement nos pages de blog vous serez au courant des futures annonces.