Arme incontournable sur le théâtre des opérations en Ukraine, les drones sont au cœur d’une course technologique entre les deux belligérants. Dernier-né de cette guerre des drones entre Kiev et Moscou, un aéronef dit « poupée russe » permettant de transporter plusieurs drones. Quelles sont les avantages de cette technologie déployée par la Russie ? Explications.
Publié le : 24/09/2024 – 07:16
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Attention, un drone peut en cacher un autre. Selon le magazine américain Forbes, des porteurs de drones FPV (vue à la première personne ou vue à distance) utilisés par l’armée russe sont entrés en action sur le champ de bataille en Ukraine. L’information repose sur une analyse de Serhii Flash, l’un des principaux commentateurs ukrainiens en matière de technologie militaire qui relate une attaque inhabituelle de drones russes.
« L’une de nos unités a été frappée par deux drones FPV standards […] Cela s’est produit à une distance de 40 km de la ligne de front. On suppose que les deux drones ont été transportés vers notre arrière par un grand drone ‘reine’ réutilisable, dont le modèle n’a pas encore été identifié », écrit Serhii Flash sur sa chaîne Telegram dans un message publié à la mi-septembre.
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Si cet expert militaire penche pour l’hypothèse d’un engin « poupée russe » c’est que les drones FPV, qui donnent l’impression d’être assis à bord de l’appareil que l’on pilote, sont incapables de parcourir une telle distance pour aller frapper derrière les lignes ennemies. En cause, une faible autonomie des batteries qui limite leur rayon d’action à 30 km maximum.
« L’intérêt de ce système dit ‘marsupial’ ou ‘poupée russe’ est double : le drone gigogne permet de compenser la faible autonomie des drones en les transportant sur une longue distance. L’autre avantage est de créer un effet de saturation en déployant plusieurs engins au même moment qui vont ensuite pouvoir frapper plusieurs cibles », détaille Marc Chassillan, consultant indépendant spécialisé dans les questions de défense.
Un concept ancien
Ces derniers mois, les ingénieurs russes semblent avoir mis les bouchées double pour rendre opérationnels ces « vaisseaux mères » dans le ciel ukrainien. Exemple avec le Burya-20 dont la fabrication a débuté, selon un responsable de l’entreprise de défense SPC Berkut cité par les médias d’État russe. C’est probablement ce modèle qui est actuellement opérationnel en Ukraine.
Le Burya-20 « utilise l’intelligence artificielle pour détecter la cible et transmettre les informations à l’opérateur, qui prend la décision d’attaquer », précise le média ukrainien Defense Express dans un article daté du 5 septembre 2024.
À l’occasion de la dernière édition de son salon de l’armement qui s’est tenu en août, l’industrie militaire russe avait également dévoilé l’Amiral, un autre modèle d’engin porteur de drones FPV.
Les Ukrainiens ne sont pas en reste dans ce domaine et expérimentent plusieurs modèles dont le Queen Hornet, un drone multifonction capable de servir de bombardier, de porter d’autres drones ou encore d’être utilisé comme relais radio pour augmenter la portée des drones FPV.
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« Ce concept, appliqué aux drones, est très ancien dans l’histoire militaire », rappelle Marc Chassillan. « On peut citer notamment le missile Apache développé dans les années 80. Il s’agit d’un missile de croisière qui contient d’autres missiles. Son objectif est d’arriver à proximité des aérodromes ennemis pour ensuite larguer les projectiles qu’il contient et détruire les avions et les pistes d’atterrissage ».
La guerre comme « phénomène accélérateur »
Ces nouveaux engins porteurs pourraient redéfinir la manière dont sont utilisés les drones FPV, massivement utilisés en Ukraine pour leur coût dérisoire et les dégâts qu’ils infligent à l’artillerie, l’infanterie, aux chars et même aux hélicoptères. Sans compter leur capacité de surveillance qui rend le champ de bataille transparent.
« Avec des communications satellitaires et des systèmes de ciblage basés sur l’intelligence artificielle, des drones comme les Shahed qui frappent l’Ukraine ou les Bobrs et Lyutys qui attaquent la Russie pourraient transporter une charge de drones FPV pour des frappes de précision multiples », écrit Forbes.
Il est toutefois impossible d’évaluer le nombre, sans doute faible, de ces engins sur le front ukrainien. Combien ont réussi à dépasser le stade du prototype ? Russes et Ukrainiens se gardent bien de dévoiler à l’ennemi les détails de leur nouvelle capacité en matière de frappes FPV longue portée.
L’apparition de ces drones porteurs témoignent de la course effrénée à l’armement et à l’innovation que se livrent Kiev et Moscou depuis le début du conflit. « La guerre est un phénomène accélérateur considérable. Si vous prenez les chars de combat au cours de la Seconde Guerre mondiale, en l’espace de cinq ans, les belligérants ont développé trois générations de chars. En temps de paix, on met en service une génération tous les 40 ans », souligne Marc Chassillan.
Une production à grande échelle
Technologie emblématique de la guerre en Ukraine, les drones militaires ont connu un développement sans précédent depuis le début de l’invasion russe. Anti-brouillage, d’attaque ou de surveillance, une incroyable gamme de drones est utilisée sur le champ de bataille de manière isolée ou en formation.
« Certains drones d’une formation peuvent alors servir de leurres pour attirer les systèmes défensifs et d’autres peuvent essayer de les brouiller, ce qui permet au moins à certains drones d’attaque de pénétrer les défenses », explique le chercheur britannique Peter Layton dans un article de The Conversation.
Par ailleurs, jamais ces aéronefs n’avaient été utilisés à une échelle aussi importante lors d’un conflit armé comme en témoignent les objectifs de production affichés par les deux belligérants. Le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré que la Russie sera en mesure de produire 1,4 million de drones cette année, soit 10 fois plus qu’en 2023. Côté ukrainien, le président Volodymyr Zelensky avait annoncé, fin décembre, la production d’un million d’aéronefs en 2024.
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« Les informations qui nous viennent de diverses sources indiquent que les Russes produisent actuellement à peu près autant de drones que les Ukrainiens. Des drones aussi performants, voire parfois plus performants que ceux des Ukrainiens », détaille Marc Chassillan qui cite l’exemple du Lancet, un drone « à l’origine de la plupart des destructions de chars occidentaux« .
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