Expert en aéronautique et en défense, Xavier Tytelman explique à quel point l’utilisation des drones terrorise les soldats, plus exposés que jamais.
Depuis plusieurs mois, dans l’est de l’Ukraine, les combats entre les armées russe et ukrainienne se déroulent dans une guerre de tranchée, où chaque division progresse centimètre par centimètre. Et l’une des composantes de ces affrontements est l’utilisation massive de petits drones qui visent et éliminent les combattants des deux camps, quasiment dès qu’ils tentent une sortie de leurs tranchées. De nombreuses images d’attaques aériennes téléguidées sont diffusées chaque jour sur les réseaux sociaux. Xavier Tytelman, expert en aéronautique et en défense, répond aux questions de la Dépêche sur cette arme devenue un cauchemar pour les soldats sur le front.
La Dépêche du Midi : Les drones sont massivement utilisés par les deux camps sur le front de la guerre en Ukraine… Cette arme est-elle infaillible ?
Xavier TYTELMAN : Tout dépend de la performance du pilote, car s’il est bon, c’est quasiment impossible de s’échapper. On peut courir, se cacher, faire tout ce qu’on veut, mais c’est très compliqué.
Y a-t-il néanmoins une quelconque attitude à adopter pour augmenter ses chances de survie ?
Il faut partir du principe que le pilote ennemi ne saura pas faire d’évasif vers le bas. La meilleure façon d’essayer de s’échapper, c’est paradoxalement de courir vers le drone, car ils ont plus de facilité à monter qu’à descendre. Et pour descendre, il faut que le drone passe sur le dos, fasse un piqué vers le sol. La manœuvre est plus difficile à réaliser que de suivre quelqu’un qui s’enfuie en courant. Donc le meilleur moyen, en théorie, c’est de courir face au drone et de s’allonger par terre.
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Lorsqu’on est pris pour cible, il n’y a pas grand-chose à faire donc…
D’autant plus que les drones ne sont jamais lancés au hasard étant donné qu’on ne peut pas les faire revenir. Les Ukrainiens en consomment environ 3 000 par jour pour ce qui est des kamikazes FPV (First Personnal View) qui coûtent environ 500 euros pièce.
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« De moins en moins de solutions pour se cacher »
Pour ne pas être vu, il y a des couvertures de camouflage thermique. Sur la tenue, on essaie de casser les formes. Par exemple mettre des feuilles sur un casque… Mais il y a de moins en moins de solutions. Il y a même certains drones à usage unique qui intègrent une sorte d’intelligence artificielle qui fait que, même avec des systèmes de brouillage, la cible peut être désignée en amont pour que la machine puisse aller au ‘strike’. Dès qu’on sort de la tranchée, qu’on est dans un champ, il y a danger. Dans la région de Karkhiv, on voit des Russes envoyés sur des champs complètement ouverts, il n’y a rien pour se cacher. C’est la méthode de la chair à canon.
The occupiers didn’t close the hatch. Again!
An American M67 grenade dropped from a drone destroyed a russian tank.\ud83d\udcf9: 81st Airmobile Brigade pic.twitter.com/gewDxykFCB
— Defense of Ukraine (@DefenceU) June 26, 2024
Quels sont les types de drones utilisés sur le front ?
Il y a ceux qui explosent à l’impact. Mais il y a aussi ceux dits « air burst » qui peuvent exploser à quelques mètres de la cible, par exemple au-dessus d’une tranchée et toucher toutes les personnes à l’intérieur sans avoir à rentrer dedans. Les snipers sur place le disent : « C’est Verdun avec des drones, on ne peut rien faire ». Le drone se met à la verticale au-dessus du soldat : s’il sort de son trou, il se fait tirer dessus. S’il reste, il se prend une grenade.
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Les drones semblent devenus indispensables dans la guerre moderne ?
C’est dans la force des choses, cela devient un tel démultiplicateur de forces qu’il est logique que l’armée ukrainienne veuille créer une branche dédiée pour les drones, à côté de la marine, de l’aviation et bien entendu de l’armée de terre.
Ukraine became the first country in the world to create a new branch of the armed forces—Unmanned Systems Forces.
The Unmanned Systems Forces use air, sea, and ground unmanned and robotic systems in their combat operations.
Colonel Vadym Sukharevskyi, the Hero of Ukraine, is… pic.twitter.com/SBgNu9t2VK
— Defense of Ukraine (@DefenceU) June 12, 2024
On est entrée dans une guerre industrielle. Il faut être clair là-dessus, les Russes ne pourront pas suivre le rythme de production si l’Occident se met vraiment au soutien de l’armée ukrainienne.
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