Drones, missiles antichars, mais aussi défense antiaérienne et commandos. La branche armée du Hezb est aujourd’hui régulièrement comparée à une armée moderne. Et pour cause: depuis 2006, l’ensemble des spécialistes s’accordent sur le fait que sa puissance a considérablement augmenté. De ses milliers de roquettes à ses forces spéciales, plongée dans l’arsenal du parti pro-iranien.
Le 8 novembre 2023, l’agence d’information turque Anadolu rapportait qu’environ 1.500 combattants du Hezbollah en Syrie auraient été rapatriés sur le territoire libanais, depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël.
Ces mouvements traduiraient un renforcement du dispositif établi par le parti pro-iranien face à Israël, tandis que les échanges de tirs se multiplient au niveau de la frontière libano-israélienne depuis le 7 octobre.
De nos jours, l’ensemble des experts s’accorde à dire que la formation menée par Hassan Nasrallah demeure l’une des organisations non-étatiques les plus puissantes au monde. Elle constitue aussi le membre le plus important de l’autoproclamé « axe de la résistance », qui provient de Téhéran.
Effectifs
Le nombre exact des effectifs du Hezbollah reste difficile à cerner. Le caractère non-étatique de l’organisation et l’omerta qu’il pratique sur le nombre exact de ses membres et son arsenal, en raison du conflit qui l’oppose à Israël, font qu’aucune statistique précise ne peut être établie à ce niveau.
Les chiffres disponibles demeurent donc approximatifs et sont le fait d’acteurs externes généralement opposés à la formation pro-iranienne, principalement américains et israéliens.
Quelques jours après l’incident de Tayouneh en octobre 2021, Hassan Nasrallah avait affirmé que son parti alignait 100.000 partisans armés. Toutefois, la plupart des observateurs s’accordent à dire que les forces de la formation pro-iranienne sont en réalité moins élevées.
Selon Yiftah Shapir, chercheur à l’Institute for National Security Studies (INSS) israélien, les combattants du Hezbollah se répartissent en deux catégories. La première regroupe les membres à temps plein: leurs effectifs sont estimés à environ 20.000. À ceux-ci s’ajoutent les unités de réservistes, dont le nombre s’élèverait à environ 30.000.
Ces effectifs sont répartis au sein de plusieurs unités: infanterie légère, combat antichar, opérations amphibies et défense de la côte… l’organisation constituerait ainsi l’un des groupes non-étatiques les plus organisés.
Force Radwan
Parmi ces dernières, la « force Radwan » constitue sans doute le fer de lance du dispositif militaire du Hezbollah, avec des effectifs estimés à environ 2.500 combattants. Comparables à des forces spéciales, leur entraînement est encadré par la force Al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) iranien. Avec un objectif précis: s’infiltrer derrière les lignes israéliennes en cas de guerre à grande échelle.
D’après le think tank américain Institute for the Study of War (ISW), plusieurs centaines de ces combattants auraient été positionnés à la frontière israélo-syrienne, prêts à agir en cas d’escalade significative.
Missiles antichars
Le Hezbollah possède des milliers de missiles antichars, dont des systèmes de dernière génération comme l’AT-14 Kornet russe et le Toophan iranien. L’immense majorité de ces armes auraient été acquises auprès des Iraniens, des Russes et des Chinois, comme le rapporte le think tank américain Center for Strategic and International Studies (CSIS).
La proportion actuelle de combattants rompus au maniement de ces armes est inconnue. Néanmoins, en 2006, il était estimé que ces derniers composaient environ 20% des effectifs totaux du Hezbollah. Il est fortement probable que la formation pro-iranienne ait maintenu un pourcentage similaire au sein de ses forces, voire qu’elle l’ait augmenté.
Régulièrement mises en œuvre au niveau de la frontière sud depuis le 7 octobre, ces armes sont utilisées non seulement contre les véhicules de l’armée israélienne, mais aussi contre leurs fortifications. Selon l’analyste américain Anthony Cordesman, ces armes auraient tué davantage de soldats israéliens que les combats d’infanterie au cours de la guerre de juillet.
Force blindée
Le 11 novembre 2016, le Hezbollah dévoilait au monde une facette jusqu’alors méconnue de son arsenal. Au cours d’une parade militaire réalisée dans la ville d’Al-Qousayr en Syrie, ses combattants apparaissent en possession de chars de combat et autres véhicules blindés, y compris des modèles relativement performants comme le char T-72, de fabrication russe.
L’apparition de tels moyens lourds dans l’arsenal de la formation pro-iranienne correspond à son adaptation au terrain syrien. Cette dernière y évoluait en terrain découvert, en tant que force militaire conventionnelle, aux côtés d’unités russes, iraniennes et syriennes.
Néanmoins, il y a peu de chances que de tels moyens soient employés sur le front libanais. Non seulement le terrain montagneux est peu propice à l’utilisation de blindés, mais ces derniers seraient aussi particulièrement vulnérables face à l’aviation israélienne. Dans ce cadre, le Hezbollah emploierait davantage des techniques de combat asymétriques, similaires à celles employées en 2006.
Roquettes à courte et moyenne portée
La principale force du Hezbollah réside toutefois dans son arsenal de roquettes, estimé à plus de 130.000 munitions, selon le CSIS. Néanmoins, l’immense majorité est constitué d’armes à courtes portées (8 à 40 kilomètres). Selon leurs estimations, le Hezbollah en disposerait actuellement d’environ 100.000.
En ce qui concerne les engins à très courte portée (8 kilomètres), ceux-ci peuvent opérer au niveau tactique, en soutien des unités d’infanterie. Ce fut le cas lors de la bataille d’Al-Qousayr, en 2013. Les principaux modèles utilisés sont de fabrication iranienne (Fajr-1) et chinoise (Type-107).
Mais la fonction principale de cet arsenal reste néanmoins de frapper le dispositif israélien en profondeur, notamment les bases militaires et les centres de population situées dans le nord. Ce rôle est dévolu aux projectiles à la portée comprise entre 40 et 75 kilomètres. C’est notamment le cas des roquettes de type « Grad » d’origine soviétique, dont l’usage est particulièrement répandu dans le monde.
Lancées en grand nombre, elles permettent ainsi de saturer les dispositifs de défense antimissiles israéliens, à l’image du fameux « Dôme de fer ». Les projectiles bénéficiant de la plus grande portée dans cette catégorie sont même capables de viser des centres urbains comme la ville de Haïfa, comme le modèle iranien Khaibar-1.
Arsenal à longue portée
Le Hezbollah entretient aussi une force de frappe à longue portée (200-550 kilomètres), estimée à plusieurs centaines de projectiles. Les missiles classés dans cette catégorie sont destinés à attaquer Israël depuis des positions situées plus en profondeur dans le territoire libanais, donc plus difficiles à détecter pour l’armée israélienne. Ils peuvent aussi menacer des cibles hors de portée des projectiles à la portée inférieure, à l’image de Tel-Aviv.
Cet arsenal est composé principalement d’engins de fabrication iranienne, comme le missile balistique Fateh-110 (250-300 kilomètres), mais aussi syrienne et russe. Il a notamment fait l’objet d’un projet visant à améliorer sa précision. Selon les dernières estimations, entre 20 et 200 missiles disposeraient désormais d’une précision de 50 mètres. Selon des rapports non confirmés dévoilés par le gouvernement israélien, le Hezbollah serait même en possession de missiles Scud de fabrication russe, avec une portée allant jusqu’à 550 kilomètres, selon le CSIS.
Défense antiaérienne
En 2006, les systèmes antiaériens utilisés par le Hezbollah, allant des missiles portatifs aux obus anti-aériens, étaient considérés comme obsolètes. Par conséquent, l’armée de l’air israélienne opérait presque librement dans le ciel libanais.
C’est pourquoi celui-ci a depuis envoyé des dizaines de ses membres s’entraîner en Syrie avec des systèmes de pointe. Certains d’entre eux possèdent une portée conséquente, avoisinant pour certains les 50 kilomètres, à l’image du SA-17 Buk.
Il est également possible que des tentatives aient été faites de transférer ces systèmes sur le territoire libanais. Cela expliquerait en grande partie les frappes israéliennes sur des convois du Hezbollah en Syrie ces dernières années. Plus récemment, un rapport de l’administration américaine s’alarmait du transfert de batteries SA-22 Pantsir, systèmes russes particulièrement perfectionnés, par le groupe paramilitaire russe Wagner au Hezbollah.
Drones
Le Hezbollah n’a pas de force opérant des avions pilotés, mais il dispose d’une unité spécialisée dans l’usage de drones. Principalement de fabrication iranienne, ceux-ci sont utilisés à la fois pour des missions de collecte de renseignements, mais aussi en tant que plates-formes d’attaque, à l’image du « Shahed-126 », ainsi qu’en tant que munitions rôdeuses, comme le modèle « Ababil ».
Le Hezbollah a notamment aménagé plusieurs aérodromes dans les zones sous son contrôle, dans le but d’y établir des bases d’opération pour les appareils sans pilotes, comme dans le Hermel.
En outre, depuis la guerre en Syrie, la formation de Hassan Nasrallah développe aussi l’usage de drones commerciaux dans ses rangs, principalement de fabrication chinoise. Certains sont même dotés de capacités d’attaque, à l’image des forces ukrainiennes contre les Russes.
Unité amphibie
En plus de son arsenal destiné à frapper des cibles au sol, le Hezbollah opère aussi une certaine quantité de missiles antinavires, de fabrication russe, comme le modèle « Yakhont », ainsi qu’iranienne. Le nombre de munitions en sa possession reste toutefois un mystère.
Ces batteries de missiles sont opérées par l’unité amphibie de la formation pro-iranienne, qui comprend aussi des équipes de plongeurs, formées à des missions d’attaque et de renseignement.
Au-delà d’être capable de mener des opérations sur le littoral israélien et d’attaquer sa marine, cette force amphibie fait peser un risque non négligeable sur les intérêts de Tel-Aviv. En effet, elle menace directement les plates-formes d’exploitation gazières exploitant le champ de Karish.
(Boevaya Mashina, Wikimedia Commons)
Pour rappel, le Hezbollah avait déjà fait voler des drones dans cette zone au cours de l’été 2022, avant que ces derniers soient abattus par l’armée israélienne.
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