Drones kamikazes, surveillance… Au salon des forces spéciales Sofins, la foire du drone

, Drones kamikazes, surveillance… Au salon des forces spéciales Sofins, la foire du drone

Un parcours du combattant. Pour entrer au salon des forces spéciales Sofins, sur le camp de Souge, base arrière du prestigieux 13ème régiment de dragons parachutistes (13ème RDP), le visiteur doit s’armer de patience. Il faut d’abord montrer patte blanche à l’entrée du camp. Passer un deuxième filtrage, gardé par des sentinelles à barbe longue. Traverser la pinède sableuse sur plusieurs kilomètres, le long d’immenses champs de tir. Un dernier scan de sécurité, quelques minutes de navette, et enfin, le Graal : une grande tente entourée d’hélicoptères, de buggys, d’embarcations semi-rigides et autres drones de surveillance, à quelques mètres d’une piste où des avions Twin Otter multiplient les vols dédiés aux parachutistes.

Ici, le biceps est saillant, la barbe drue et le regard suspicieux. Dans ce saint du saint des forces spéciales, des groupes d’intervention (GIGN, Raid…) et des services de renseignement, les industriels dévoilent les dernières innovations sur tous les segments d’intérêt pour les commandos : armes de poing, vêtements techniques, protection cyber, robots terrestres, missiles, embarcations rapides, alimentation, engins légers blindés, jumelles de vision nocturne, équipements de navigation… « L’idée n’est pas de multiplier les exposants, mais de privilégier les entreprises les plus innovantes, explique Benoît de Saint-Sernin, président du Cercle de l’Arbalète, organisateur du salon. On refuse chaque année 40 à 50 sociétés. »

Combler le retard français

Comme à chaque édition, les fabricants de drones sont venus en force. Après la guerre du Haut-Karabagh en 2020, le conflit ukrainien a encore montré l’efficacité redoutable des drones de combat (TB2 turc) et drones kamikazes (drones américains Switchblade, drones iraniens Shahed 136…). La France tente, depuis, de combler son énorme retard en multipliant les annonces et appels d’offres, notamment sur le segment des drones kamikazes, aussi appelés munitions rôdeuses ou téléopérées. L’Agence d’innovation de défense (AID) avait ainsi lancé deux compétitions en 2022, Colibri et Larianae, pour développer des drones kamikazes de respectivement 5 et 50km de portée, pour un coût limité (20.000 euros pièce pour Colibri, 200.000 euros pour Larinae).

Tous les gagnants de cette compétition sont bien présents au Sofins. Novadem, un des champions des drones multi-rotors made in France, est bien là avec son bestseller NX-70.  Le fabricant aixois a été retenu, en tandem avec le missilier MBDA, pour la compétition Colibri. Le toulousain Delair est aussi de la partie : si le groupe ne le confirme pas, il a également été sélectionné par l’AID sur le projet de drone kamikaze, en consortium avec Nexter, pour, selon nos informations, un dérivé de son petit drone à voilure fixe UX-11, déjà en service dans les armées françaises.

Mais c’est un autre engin qui attire les regards sur le stand : le nouveau DT-46, un drone à voilure fixe capable de décoller à la verticale, comme un hélicoptère, avec un kit installable en quelques minutes. « L’autonomie est de 3h50 pour la version à décollage vertical, et dépasse 7h pour celle à décollage classique », souligne Alexis Pradille, directeur des ventes de Delair.  Le drone peut embarquer 5kg de charge utile: optique, Lidar, Imsi-Catcher (intercepteur de communications). Delair travaille déjà sur un drone plus grand, à propulsion hydrogène (pile à combustible), qui affichera une autonomie, inédite pour les drones de cette taille, de 12 heures.

Le drone DT46 de Delair Crédit : Vincent Lamigeon, Challenges
Le drone DT46 de Delair. Crédit : Vincent Lamigeon, Challenges

Un TB2 français ?

Quelques mètres plus loin, le fabricant bordelais Eos Technologie, local de l’étape, est une des autres attractions du salon. Créé par Sébastien Verniaud, ancien des forces spéciales, la PME fait partie des dronistes qui montent, avec un chiffre d’affaires qui devrait quadrupler en 2023 (8-10 millions d’euros espérés). Si le contrat n’a pas encore été annoncé, une version musclée de son drone Strix 425, un drone de 4,25m d’envergure lançable à la main, a été sélectionné par l’AID pour le contrat Larinae. Celle-ci sera armée d’une « charge génératrice de noyau » de Nexter, une charge explosive perforante qu’on retrouve dans certains armements antichars.

Le fabricant basé à Mérignac, qui assemble ses drones près de Grenoble, développe également un drone bien plus gros, l’Endurance 1200. Cet engin de 12m d’envergure affiche une charge utile de 30kg et une autonomie record de 18h. « Il s’agit d’un engin de surveillance, mais on peut tout à fait imaginer s’en servir de base pour développer un drone de combat low-cost de type TB2 », explique Jean-Marc Zuliani, directeur général d’Eos. L’appareil doit effectuer son premier vol cet été.

Le drone Endurance 1200 du bordelais Eos Technologie doit voler pour la première fois cet été Crédit : Eos Technologie
Le drone Endurance 1200 du bordelais Eos Technologie doit voler pour la première fois cet été. Crédit : Eos

Le fabricant réunionnais Fly-R est l’autre sensation du salon. Spécialiste des drones à ailes rhomboïdes (ailes fermées en forme de diamant), l’industriel, qui avait candidaté sans succès aux appels d’offres Colibri et Larinae, ne s’est pas découragé, au contraire. Il a dévoilé le 28 mars un ambitieux projet de drone kamikaze, baptisé R2-120 Raijin, qui lui a valu de gagner le premier prix du concours de start-up du salon (Soflab). « Le drone est lancé d’un tube de mortier, il déploie ensuite ses ailes et atteint la vitesse de 110km/h, explique Rémi Albert, cofondateur de Fly-R. Une fois une cible validée par un opérateur, le drone attaque en piqué à 270km/h. » Fly-R, qui cherche à lever des fonds pour le développement de l’appareil, assure pouvoir mettre en service sa munition rôdeuse en un an. Le Raijin annonce une portée de 50km et une charge utile de 1,5kg.

Nouvel appel d’offres de la DGA

Les gros bonnets de l’armement ont aussi dégainé leurs nouveautés. Survey Copter, la filiale drones d’Airbus, a dévoilé le 28 mars son nouveau drone Capa-X, le plus gros jamais produit par la société. D’un poids de 100kg environ et de 10kg de charge utile, il est capable de décoller verticalement, avec une propulsion hybride : moteur thermique, et moteurs électriques pour les rotors. Son premier vol est prévu dans deux mois, avant une présentation aux clients en 2024 et de premières livraisons en 2025-2026.

Le nouveau drone tactique CAPA-X de Survey Copter, filiale d\'Airbus Crédit : Vincent Lamigeon, Challenges
Le nouveau drone tactique CAPA-X de Survey Copter, filiale d’Airbus. Crédit : Vincent Lamigeon, Challenges

Pourquoi cette frénésie de nouveaux projets ? De nouveaux appels d’offres des armées sont en vue. Selon nos informations, la DGA a lancé début mars une demande d’information (RFI) sur le segment des systèmes de drones tactiques légers (SDTL), dont les remises de copies sont prévues le 7 avril. Il s’agit de développer des drones de moins de 150kg, de 8 à 14h d’autonomie, si possible capables de décollage vertical, et capables de larges spectres de missions (renseignement image, désignation laser, renseignement électromagnétique). Ce drone serait l’équivalent du Jump 20 de l’américain AeroVironment, sélectionné en 2022 pour équiper l’US Army. Les premières livraisons sont envisagées en 2026.

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