Drone Volt lance un drone capable d’inspecter les lignes électriques sous tension

Exit les grues, les hélicoptères et les drones équipés de caméras thermiques peu précises. Place au LineDrone, capable de se poser directement sur les lignes électriques sous tension pour les inspecter dans les moindres détails et à moindre coût. C’est la promesse du dernier-né de l’un des acteurs bien connus de la filière tricolore des drones professionnels : Drone Volt. L’entreprise vient de débuter la commercialisation de ce drone – fruit de trois années de recherche – avec un duo de partenaires canadiens, le producteur d’électricité Hydro-Québec et le spécialiste en essais non destructifs Nucleom. Un outil qui pourrait changer la donne dans l’inspection des réseaux électriques.

Drone Volt pense tenir là un nouveau produit phare, aux côtés notamment de l’Hercules 20, capable de porter jusqu’à 15 kg de charge, du drone de surveillance Kobra et du drone de longue endurance Heliplane. «Nous avons des discussions très prometteuses avec de grands donneurs d’ordre au sujet du LineDrone», assure Marc Courcelle, directeur général du fabricant de drones fondé en 2011. L’entreprise, basée à Villepinte (Seine-Saint-Denis) et qui affiche un chiffre d’affaires de 23,9 millions d’euros en 2023 (+74% en un an), compte déjà pour clients des grands noms de l’industrie comme Engie, TotalEnergies et Suez.

Une cage de Faraday volante

«Le LineDrone est complètement immunisé vis-à-vis du courant électrique, détaille Marc Courcelle. Il est muni d’une cage de Faraday et d’isolateurs qui empêchent le courant d’atteindre les composants électroniques et le système de géolocalisation GPS.» Issu de travaux menés par Hydro-Québec dès 2020, le drone d’inspection fait l’objet depuis l’an dernier d’une licence exclusive pour sa fabrication et sa commercialisation, au profit de Drone Volt.

Ce système de protection permet au LineDrone de se poser à même les lignes électriques, puis de se déplacer à l’aide d’un système de roulement motorisé. Quant à l’inspection, elle repose non pas sur des caméras thermiques, aux données parfois peu fiables puisque dépendant du niveau d’ensoleillement des lignes, mais sur des sondes, développées par Nucleom d’après les travaux, là encore, d’Hydro-Québec. Elles procèdent à l’évaluation de l’usure et de la corrosion des câbles et des manchons. De quoi, après traitement des données collectées, évaluer l’état de santé des lignes et prévoir, le cas échéant, d’éventuelles opérations de maintenance.

Un virage stratégique

L’an dernier, Drone Volt a déjà procédé à plusieurs tests du LineDrone en conditions réelles au Canada, au Brésil et en Allemagne. «Aucun autre produit n’est capable d’effectuer ce type d’inspection sur des lignes sous tension», assure Marc Courcelle. La réduction de coûts générée se chiffrerait en plusieurs dizaines de milliers d’euros par intervention. L’engin simplifierait aussi grandement des opérations lourdes à mettre en oeuvre. Alors que le fabricant reste en attente de commandes, le schéma industriel est déjà établi : le corps principal du drone est assemblé à Villepinte, puis l’assemblage final est assuré au Canada, chez Hydro-Québec.

Le lancement de LineDrone intervient dans un moment charnière pour Drone Volt. Alors que le marché des drones civils professionnels n’a pas tenu toutes ses promesses, l’entreprise a multiplié les développements sans vraiment parvenir à les transformer en espèces sonnantes et trébuchantes. «Nous continuons encore à perdre de l’argent, mais nous allons désormais ralentir les innovations et accélérer en matière de commercialisation», résume Marc Courcelle. L’an dernier, Drone Volt a enregistré une perte de 5 millions d’euros. Outre sa gamme de drones actuels, la société a investi le champ de la prestation de services via l’acquisition d’Aeraccess Services l’an dernier, et pourrait s’immiscer également dans le très porteur secteur de la défense.