La start-up ambitionne de révolutionner l’aviation commerciale en mettant en service, d’ici à 2030-2035, une gamme d’avions drones à hydrogène volant à plus de 6000 km/heure.
Rallier les grandes villes du monde en deux ou trois heures, sur toute la planète. C’est l’ambition de Destinus, une start-up créée en 2021 en Europe, par Mikhaïl Kokorich. Ce physicien, né en Sibérie, qui a dû fuir la Russie en raison de son soutien aux opposants de Vladimir Poutine, s’est installé en Suisse, après avoir créé des start-up aux États-Unis qu’il a dû également quitter en raison de sa nationalité russe. Il rêve de révolutionner le transport aérien en offrant des vols ultra-long-courriers hypersoniques (Mach 5 soit plus de 6000 km/heure), propulsés par des moteurs à hydrogène, « à des prix abordables ». Il veut aussi participer à la défense européenne en développant des drones militaires, capables d’intercepter des missiles hypervéloces.
Un immense défi. Car avant la mise en service de quatre modèles dotés de commandes de vol automatisées – deux destinés au transport de passagers et deux destinés aux armées – de nombreuses étapes devront être franchies. En particulier, obtenir la certification des agences de la sécurité aérienne européenne et américaine ainsi que la qualification des versions militaires par les directions générales de l’armement des pays européens.
Mikhaïl Kokorich déploie son projet dans le cadre d’une feuille de route, qui reprend la recette d’Elon Musk. L’innovation (design, matériaux, architecture…), un développement rapide et une méthode empirique qui admet l’échec comme moyen d’apprendre plus rapidement. Elle comporte trois phases avec la conception, la fabrication et les tests de prototypes de plus en plus grands et volant de plus en plus vite : en subsonique (Mach 0,85, soit 850 km/heure, comme un avion de ligne), supersonique (supérieur à Mach 1) puis hypersonique (à partir de Mach 5). Avec chaque prototype, l’idée est de tester des moteurs, d’abord thermiques, puis hybrides puis à hydrogène. « Nous avons déjà mené des travaux d’ingénierie et réalisé des simulations d’une chambre à combustion à hydrogène. Et nous avons engagé des discussions avec des motoristes », précise Jean-Philippe Girault, vice-président « hypersonique » et directeur général de la filiale française de Destinus.
«Un mini-Concorde»
L’objectif est de mettre en service deux avions de transport de passagers. D’abord, un appareil, destiné aux liaisons transatlantiques notamment, de 25 à 30 places, baptisé Destinus S et présenté comme un « mini-Concorde », à horizon 2031. Puis, un ultra-long-courrier de 400 places, appelé Destinus L-, d’ici à 2037. À cet horizon, il sera possible de rallier New York ou Sydney depuis Paris, respectivement en 1,5 heure et 3 heures ! En volant à Mach 5 ou 6, soit plus de 6000 km/heure.
Parallèlement, deux drones militaires seront, selon la start-up, mis en service : en 2026, le Destinus G, un drone basé sur le prototype, issue de la maquette du Gamma 1 (et Gamma 2), présentée sous le nom de Destinus-3, dans le cadre du salon du Bourget, volant à Mach 2 et doté d’un rayon d’action de 2000 km ou 3000 km, avec l’ajout d’un réservoir supplémentaire. Ses missions seront variées : reconnaissance, collecte d’informations, interception et frappes dans sa version armée. Puis au tournant des années 2030, ce sera au tour du drone Destinus D, qui volera à Mach 5, doté d’un rayon d’action de 3000 km. Il « sera le premier drone militaire à utiliser de l’hydrogène ». Et sera capable de neutraliser des missiles et appareils ennemis supersoniques et hypersoniques.
Vols d’essais depuis Rochefort en France
Mikhaïl Kokorich prévoit de réaliser le premier vol d’essai du prototype Gamma 1 qui sera télépiloté, d’ici à fin 2023, enclenchant une campagne de tests tout au long de 2024 puis des vols hypersoniques automatisés propulsés par un moteur à hydrogène l’année suivante. « Il y aura un “tuilage” avec le second prototype Gamma 2, qui doit réaliser son premier vol en 2025 et entrer dans la phase de tests en hypersonique avec un moteur à hydrogène entre 2027 et 2029 », précise Jean-Philippe Girault.
Pour Gamma 1, l’ancienne base militaire de Rochefort a été retenue. « Cette ex-base est devenue un aéroport commercial, géré par un syndicat mixte. Il a une piste de décollage longue, peu de trafic et est à proximité de la mer. Nous avons obtenu l’accord du syndicat mixte pour y mener nos essais en vol et avons encore besoin du feu vert de la DGAC, de la Direction générale de l’armement. Mais aussi de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (Easa) et d’Eurocontrol, pour faire ensuite voler Gamma 2 », ajoute le directeur de la filiale française de Destinus.
La start-up a aussi engagé des discussions avec les autorités espagnoles pour Gamma 2. La jeune société s’est en effet déjà implantée en Espagne. Elle a noué un accord avec le motoriste ITP pour construire un site équipé de deux bancs d’essais moteurs – un dédié à ITP, un pour Destinus – à côté de Madrid, avec l’appui de l’INTA, l’équivalent de l’Office nationale pour la recherche aérospatiale français.
La jeune pousse, qui compte 80 salariés, dont 75 ingénieurs français, allemands, suisses et espagnols, a déjà franchi plusieurs étapes de sa complexe feuille de route. Elle a levé 60 millions de francs suisses (un peu plus de 52 millions d’euros), dont 40 millions auprès d’investisseurs privés et 10 millions via des fonds européens destinés à financer des recherches sur l’hydrogène. Destinus a déjà fait voler deux prototypes (Alpha 1 et 2) de petites tailles, d’un poids plume (150 kilos) et équipés de commandes de vol semi-automatiques. Ces démonstrateurs peuvent aussi être téléopérés.
Le troisième prototype Gamma 1 (1,8 tonne), doté d’un moteur hybride (kérosène-hydrogène) est le suivant sur la liste. Puis ce sera au tour de Gamma 2, un démonstrateur de 4 tonnes. Destinus prévoit en parallèle de lever 100 millions d’euros supplémentaires pour construire le démonstrateur Delta, un prototype de 10 tonnes, propulsé uniquement avec de l’hydrogène, doté de commandes de vol autonomes intégrant de l’intelligence artificielle et volant à Mach 5.
1 milliard d’euros pour financer la suite du programme
Puis, la start-up prévoit de lancer des programmes afin de construire les premiers appareils de série. Les avions de ligne s’appuyant sur le design du démonstrateur Delta tandis que les drones militaires reprendront celui du prototype Gamma 2. Il lui faudra alors rassembler quelque 1 milliard d’euros pour lancer cette nouvelle phase. Destinus qui a déjà installé des bureaux en Europe et un centre de tests et d’essais à Payern en Suisse, n’a pas encore tranché entre deux options pour l’industrialisation de ses aéronefs. « Nous pouvons soit assembler en interne, comme le fait SpaceX, ou nouer des partenariats avec des industriels – avionneurs, logisticiens ou spécialistes de l’e-commerce-, qui voient l’intérêt pour leur business d’utiliser une flotte d’avions ultrarapides », explique Jean-Philippe Girault. La localisation du site d’assemblage n’a pas encore été choisie. La société prévoit en revanche un site, dédié à la propulsion, à côté de Madrid, dans le cadre d’un partenariat avec le motoriste espagnol ITP, le britannique Rolls Royce ainsi que le ministère de la Défense espagnol.
Sur le marché commercial, Destinus a peu de concurrents. Plusieurs industriels ont tenté, depuis l’arrêt du Concorde en 2003, de relancer des solutions supersoniques. Le projet le plus avancé est celui de l’américain Boom Supersonic. Et il n’y a pas de projet d’avion de transport passagers hypersonique. Dans le domaine militaire, seul le drone hypersonique WZ-8 chinois est en service actif. D’autres appareils sont en cours de développement, tels le projet SR-72 de l’américain Lockheed Martin, le Darkhorse de l’américain Hermeus, le Mayhem du laboratoire de recherche de l’US Air Force, en coopération avec les sociétés Leidos et Kratos, en charge des prototypes et des systèmes d’armes, ainsi qu’un programme lancé par Boeing, en coopération avec Northrop Grumman Innovation Systems.
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