Des drones « fabriqués en Ukraine » pour une artillerie en mode « tireur d’élite

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(Région de Donetsk) Dans l’est de l’Ukraine, des soldats déballent rapidement un gros drone gris et le lancent pour vérifier l’altitude des nuages et reconnaître la zone, à moins de 10 km des positions russes.

Publié à 7h53
Anna MALPAS Agence France-Presse

De reconnaissance ou d’attaque, militaires ou civils, les drones, ou « véhicule aérien sans pilote » (UAV), sont désormais indispensables, tous les jours et pour chaque camp, sur le front de la guerre en Ukraine.

Les opérateurs de la 45e brigade utilisent un drone de reconnaissance « made in Ukraine », le Leleka-100, pour transmettre des informations détaillées à leur artillerie, laquelle peut mieux atteindre ses cibles et ainsi réduire sa consommation d’obus.

« Cela rend notre travail plus précis », explique l’un des membres de la brigade, Andriï, 31 ans, dont l’indicatif d’appel est « Ulysse ».

« En raison de la nécessité d’économiser les obus, notre artillerie fonctionne en mode “tireur d’élite” », elle doit être ultra-précise, ajoute-t-il.

« On ne peut pas se permettre d’utiliser beaucoup d’obus sur une cible – 3, 4 ou 5, pas plus – parce que nous n’avons pas beaucoup d’obus contrairement aux Russes », poursuit le soldat.

Dans une camionnette cachée sous les arbres, les opérateurs surveillent sur des écrans d’ordinateurs portables les images et les données transmises par le drone, qu’ils surnomment affectueusement « birdie » (petit oiseau, « ptachki » en ukrainien).

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PHOTO GENYA SAVILOV, AGENCE FRANCE-PRESSE

Loin de l’image du fantassin de base qui tient sa position dans une tranchée, ici ils ont une formation en informatique ou en marketing et une partie d’entre eux au moins parle couramment anglais.

Ils se vantent des succès remportés par l’artillerie ukrainienne grâce aux drones, comme la destruction en une seule journée de quatre chars de combat russes Armata, un engin de dernière génération.

Mais le coût d’un drone est élevé. Le grand Leleka-100 de l’unité, qui ressemble à un modèle réduit d’avion, coûte environ 37 500 euros, explique Denys, 30 ans, le chef de l’escouade.

Amateur de café et surnommé « Hipster », Denys a travaillé auparavant pour une entreprise ukrainienne qui a créé une application d’intelligence artificielle très populaire.

« Bébé » industrie

Fabriqué par l’entreprise DeViRo dans un lieu tenu secret en Ukraine et adopté en 2021 par l’armée de Kyiv, le drone diffuse des séquences vidéo des cibles et des tirs d’artillerie.

« Il peut voler encore plus haut, mais nous l’utilisons à 1000 mètres en raison de la caméra et de la qualité des images », explique Andriï.

Selon lui, l’engin est de qualité « moyenne » comparé aux modèles occidentaux, mais il est facile de se procurer des pièces détachées auprès de fabricants ukrainiens.

Contrairement aux petits drones utilisés par les civils, le Leleka-100 peut rester en vol pendant deux ou trois heures.

Sa durée de vie est limitée : en moyenne, chaque drone n’effectue que 20 vols avant d’être abattu par l’ennemi.

Et les soldats de l’unité sont bien conscients de l’avantage des Russes dans cette « guerre de l’artillerie ».

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PHOTO GENYA SAVILOV, AGENCE FRANCE-PRESSE

L’armé de Moscou peut se permettre de tirer d’énormes volées d’obus et a également dépassé l’Ukraine en termes de stocks de drones.

Elle peut envoyer un grand nombre d’UAV d’attaque bon marché comme le Shahed, de fabrication iranienne, et s’attendre à ce qu’au moins l’un d’entre eux atteigne sa cible, explique Andriï.

La Russie fabrique également des drones d’attaque tactique Lancet qui sont « assez efficaces pour détruire les unités d’artillerie ukrainiennes », dit-il, alors que l’Ukraine ne produit pas d’engins équivalents.

« Notre industrie essaie, mais elle ne fait qu’essayer, elle n’a pas encore assez d’expérience », regrette le soldat.

« À l’heure actuelle, de nombreuses personnes essaient de travailler dans leur garage pour fabriquer leur propre drone », ajoute Denys.     

« Notre industrie des drones est comme un bébé », dit Andriï, « nous devons investir dans ce secteur pour le faire grandir ».

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