”L’Allemagne est leader dans les planeurs car au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, elle a eu l’interdiction de produire des avions à moteur”, explique le dirigeant. Comme quoi, toute décision peut provoquer des répercussions inattendues.
Et alors que l’on survole l’Allemagne à bord du petit avion à hélices, il précise : “Nous allons à Pasewalk, le site de production, près de la frontière polonaise. C’est dans cette ville que Hitler a été soigné, à la fin de la Première Guerre mondiale d’ailleurs”, avance-t-il, non sans cynisme lorsqu’il franchit ce “point Godwin”.
”Cet avion consomme peu. Ça coûte entre 500 et 800 euros l’heure de vol, pour dix personnes. C’est beaucoup plus rapide et assez compétitif par rapport aux prix des billets pris en dernière minute…”, glisse-t-il encore.
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Une transition réussie grâce… à l’armée
“Ce qui a sauvé notre société, c’est d’avoir signé avec l’industrie militaire”, se réjouit Benjamin de Broqueville, qui précise que l’entreprise fête ses 40 ans. Si elle était d’abord basée à Berlin-Est, celle-ci a donc déménagé à Pasewalk pour rationnaliser son unité de production et d’assemblage tout en payant à sa main-d’oeuvre un salaire moyen mensuel de 4100 euros bruts. Ce qui reste intéressant pour l’entreprise désormais passée sous pavillon belge, depuis qu’Olivier de Spoelberch, issu de la famille de Spoelberch actionnaire d’AB Inbev, et l’entrepreneur limbourgeois Luc Thijs – heureux propriétaire du Pilatus – ont racheté l’entreprise. “Un duo, un Flamand et un Wallon”, propriétaire de l’entreprise. C’est pas mal !”, plaisante Benjamin de Broqueville.
”La guerre en Ukraine a clairement poussé l’industrie de Défense en général. Mais nous avions déjà signé nos contrats avant la guerre”, précise-t-il, lui qui compte parmi ses clients la France et les États-Unis. “Ces pays achètent nos planeurs pour en faire des drones tactiques”, enchaîne-t-il.
”Quand on a repris l’entreprise il y a quelques années, on était à un chiffre d’affaires de 4 millions. Désormais, on tourne autour de 12 millions et on vise 18 millions annuels à partir de 2026”, avance le dirigeant.
Si les planeurs à moteur d’appoint étaient par le passé réservés au marché civil B2C (Business to Consumer), dont une grande partie aux États-Unis et en Allemagne, désormais, 75 % du chiffre d’affaires se fait via l’industrie de Défense. “On a vendu 400 planeurs en 40 ans pour le moment. À environ 675 000 euros pièce. Pour l’armée, les planeurs sont un peu plus chers, mais on ne dévoile pas les prix”, s’exclame-t-il. “Mais je précise que nous vendons d’abord à un client, en l’occurrence Safran en France ou DZyne aux États-Unis, qui lui vend à l’armée par la suite. C’est jamais en direct”, ajoute l’homme à la tête de l’entreprise de 120 employés. Il poursuit : “On s’est lancé dans le militaire en 2017. Et on a accéléré notre cadence. On est passé de quelques planeurs par an, moins de cinq, à une quinzaine en 2024. L’objectif est d’en produire 20 en 2025.
Artisanat industriel et fierté wallonne
Ce qui est frappant avec le site de production de Stemme, qui inaugurait par ailleurs son nouveau hall d’assemblage le 21 mars dernier en présence de l’ambassadeur belge en Allemagne Geert Muylle, c’est que les processus font la part belle à l’humain, aux outils manuels, tout en donnant un résultat final extrêmement “industriel”.
Dans l’atelier, on voit des travailleurs appliquer de la fibre de verre au pinceau, inspecter les parties de planeurs avec une lampe, frotter au chiffon, sans que le résultat final fasse “approximatif”. Un artisanat industriel en quelque sorte. “On pourrait investir dans des machines, dans de la robotisation, mais ce n’est pas l’objectif. Étant donné l’objectif de cadence, ce n’est pas intéressant, et cela nécessiterait de refaire les démarches pour certifier toutes les pièces”, précise le CEO.
”C’est parfois très long. C’est ce qui a poussé Boeing à faire une erreur très dommageable pour son 737 Max d’ailleurs (qui a connu récemment plusieurs déboires, NdlR). L’avionneur n’a pas voulu tout faire recertifier et est parti d’un ancien modèle. Une grave erreur”, glisse-t-il en guise de parenthèse, sans vouloir donner de conclusions trop hâtives avant la fin de l’enquête qui vise l’avionneur américain. “On va donc améliorer surtout tous les processus. Entre la commande et la livraison d’un planeur, il faut compter un an environ, pour les particuliers, contre trois auparavant. Pour Safran et ses drones “Patroller”, c’est plus rapide. On a livré 24 “plateformes” (sur base du modèle ASP 15, lancé en 2009 mais modifié, NdlR). On envoie donc les carcasses volantes que Safran “dronise” afin de le livrer à l’armée de terre française”, précise-t-il. Idem pour Dzyne, l’entreprise américaine qui produit ses Dzyne ULTRA sur base des planeurs S12 (lancés en 2015).
“Il faut arrêter de constamment se dévaloriser en Wallonie, j’en ai un peu marre. Les Flamands, les Français sont fiers. Regardons chez nous, la Wallonie regorge de talents. Il faut s’affirmer”, lance Benjamin de Broqueville, avant de repartir vers sa région de cœur et retrouver son aérodrome namurois.
Benjamin de Broqueville : “Je commence à comprendre ce qu’il se passe !”
Mini-portrait | Le parcours de Benjamin de Broqueville, co-CEO de Stemme AG avec Koenraad Geurts, n’est pas commun. L’homme a travaillé pendant dix ans pour RTL, avant de rejoindre son ancien collègue Freddy Tacheny au sein de son entreprise événementielle Zelos. “Il n’y a pas mieux pour apprendre les chiffres”, lance-t-il. Il est également CEO de l’aérodrome de Namur et président de Stratos Solutions, la spin-off belge de Stemme spécialisée dans l’observation civile.
”Après trois ans avec Freddy, j’ai pu rencontrer Olivier de Spoelberch, grand investisseur, et, autour d’un croque-monsieur, on a décidé de racheter l’aérodrome de Namur, puis Stemme”, explique le dirigeant. “J’ai bien gagné ma vie avant de me lancer dans cette aventure. Et en soi, je n’y connais rien. J’écoute, je m’entoure, je délègue. Je commence à comprendre ce qu’il se passe !”, lâche-t-il en plaisantant. Précisons tout de même qu’il est lui-même pilote d’avion, du planeur au PA28 en passant par le Cessna 150, et issu d’une famille d’entrepreneurs qui tirent leurs racines de la noblesse belge.
”C’est un rêve. Grâce à la confiance d’Olivier de Spoelberch”, poursuit-il. “’Tu seras assez bête pour acheter l’aérodrome’, m’avait lancé un ami. Eh bien, c’est fait maintenant ! », termine-t-il.
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