Dans un bourdonnement caractéristique, 100 drones envahissent le ciel et saturent les systèmes de défense d’une base ennemie. Voici l’expérimentation, mise en scène dans une vidéo publiée fin septembre sur Youtube, menée par KNDS (anciennement Nexter), Naval Group et la start-up bordelaise Icarus Swarms pour tester les possibilités offertes par les essaims de drones dans le domaine militaire. Une usage très différent d’une technologie originellement développée pour le civil.
[embedded content]
Tout a commencé au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas en 2020. A ce grand rendez-vous de la tech, l’entreprise française de spectacle Dronisos présente sa technologie de vol coordonné et autonome de drones. Elle est alors approchée par les forces spéciales américaines, qui demandent à ses ingénieurs de concevoir un kit infrarouge permettant d’utiliser un essaim de drones pour éclairer une zone à distance. Les militaires voient dans cette solution la possibilité d’organiser le parachutage de soldats ou l’atterrissage d’un avion sans avoir à envoyer des hommes baliser les lieux.
Au 1er janvier 2023, le développement de ces applications militaires donne naissance à une start-up indépendante, Icarus Swarms, qui propose depuis de nouveaux kits. L’un permet de visualiser les zones radioactives grâce à des capteurs montés sur les drones. Un autre de cartographier une zone en 3D ou de la filmer grâce à des caméras haute définition. Le dernier, plus massif, permet de tester les systèmes anti-drones en leur envoyant des dizaines d’engins à intercepter. Conçus pour être emportés en opération, ces essaims d’une vingtaine de drones tiennent dans une valise et sont autonomes dès leur décollage.
L’armée de Terre et le RAID déjà utilisateurs
Composée d’une équipe R&D de huit salariés issus de SupeAéro ou de l’école d’ingénieurs IMT Atlantique, Icarus Swarms mène ses essais sur un terrain situé dans le sud-ouest de la France. «Il faut faire des algorithmes et des calculs pour que les drones soient à même de comprendre ce qu’ils sont en train de filmer et qu’ils puissent s’éviter mutuellement, indique à L’Usine Nouvelle l’entreprise qui a déposé trois brevets. On a aussi travaillé sur la façon de compenser la perte d’un moteur ou le vent quand il est trop fort.» Autonomes une fois en vol, l’essaim peut opérer jusqu’à 7 kilomètres de son lieu de départ, parfois même sans utiliser de GPS.
L’entreprise indique qu’elle réalisera un chiffre d’affaires supérieur à 1 million d’euros en 2023 grâce à ses kits commercialisés suivant les modèles entre 100 000 et 200 000 euros. Elle compte parmi ses clients plusieurs acteurs français comme l’Armée de Terre, la Direction générale de l’Armement, le RAID et d’autres à l’export comme l’armée australienne. L’entreprise fabrique ses drones sous licence Parrot à Bordeaux et y ajoute ses kits spécifiques.
En 2024, Icarus Swarms prévoit de recruter quatre ingénieurs spécialisés dans l’intelligence artificielle et de se développer dans la guerre électronique. Ses essaims pourraient cibler un bateau ou un char pour le priver de communications grâce à des ondes radio ou même un lâcher de peinture sur ses équipements optroniques.
Une technologie qui intéresse KNDS et Naval Group
Les possibilités offertes par les essaims de drones n’ont pas échappé à KNDS et Naval Group. «Nous nous y intéressons depuis quelques temps, indique à L’Usine Nouvelle Olivier Brousmiche, directeur New Business chez KNDS. On voit que le drone est un élément essentiel pour les utilisations terrestres qui sont faites en Ukraine.» En 2023, l’entreprise a remporté deux appels à projets, Colibri et Larinae, pour des drones «rodeurs» équipés de munitions explosives dans un rayon d’action maximum de 50 km. De son côté, Naval Group propose déjà la mise en œuvre de drones depuis un navire en mouvement. Le groupe français expérimente actuellement l’utilisation d’un essaim de drones… à partir d’un navire-drone de 17 mètres. Sous la mer, Naval Group travaille aussi sur un cocon étanche qui permet d’envoyer un drone aérien à la surface. Un sous-marin nucléaire d’attaque l’a testé en 2023.
Au-delà de l’expérimentation menée avec Icarus Swarms, KNDS veut pouvoir proposer des solutions basées sur un essaim de drones d’ici 3 à 4 ans. Le groupe mise sur son expérience et son réseau de clients pour y parvenir. Même stratégie chez Naval Group qui veut avancer vite sur cette technologie. «On doit être en mesure de proposer des solutions à base d’essaim. La technologie est sur le marché et on doit s’assurer qu’on peut remplir certaines des fonctionnalités», indique à L’Usine Nouvelle Thomas Valette, à la tête du Naval Innovation Hub chez Naval Group.
Capable d’emporter des charges utiles, comme des fumigènes ou des hauts parleurs, les essaims de drones autonomes pourraient-ils être armés à l’avenir ? En 2019, plusieurs drones volant en meute avaient endommagé des raffineries saoudiennes avec des explosifs. Si Icarus Swarms refuse cette possibilité et se concentre sur le renseignement, KNDS et Naval Group ne ferment pas à la porte à cette fonctionnalité en fonction des demandes des futurs utilisateurs.
Sélectionné pour vous
La chronique a été générée du mieux possible. Dans la mesure où vous envisagez de mettre à disposition des informations supplémentaires à cet article sur le sujet « Pilote de Drone pour nouveaux points de vues » vous pouvez adresser un message aux contacts indiqués sur ce site web. comzy.fr est une plateforme numérique qui archive diverses actualités publiées sur le web dont le domaine de prédilection est « Pilote de Drone pour nouveaux points de vues ». Ce texte autour du thème « Pilote de Drone pour nouveaux points de vues » fut sélectionné sur le web par les spécialistes de la rédaction de comzy.fr. En consultant régulièrement nos pages de blog vous serez au courant des futures annonces.
