Plusieurs drones ont été abattus mardi au-dessus de Moscou, illustration la plus flagrante à ce jour que la capitale russe n’est plus épargnée par la guerre en Ukraine.
Moscou dans la ligne de mire de Kiev ? Le ministère russe de la Défense a accusé l’Ukraine, mardi 30 mai, d’avoir mené une « attaque terroriste » contre la capitale russe grâce à des drones, tout en affirmant que son système de défense antiaérien avait parfaitement fonctionné.
Cinq drones ont été interceptés, tandis que trois autres ont été désactivés en plein vol grâce à des mesures de brouillage électronique, ont précisé les autorités russes. Cependant, plusieurs médias locaux russes « ont rapporté qu’il y avait eu plutôt entre une vingtaine et une trentaine de drones ayant visé Moscou », souligne Huseyn Aliyev, spécialiste du conflit en Ukraine à l’université de Glasgow.
Des drones à longue portée
Difficile donc d’avoir une idée précise de l’ampleur de l’attaque. De nombreuses images et vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux tout au long de la matinée montrent des nuages de fumée s’élever dans la région de Moscou, et plusieurs bâtiments partiellement endommagés par ces drones.
Une liste de cinq sites où des drones ont été abattus dans et autour de la capitale russe a été mise en ligne par le député russe Alexander Khinshtein. « Ils semblent s’être dirigés vers le sud-ouest de Moscou, où se trouvent les quartiers les plus huppés de la capitale », précise Gustav Gressel, spécialiste des questions militaires russes au Conseil européen des relations internationales basé à Berlin.
Kiev s’est réjoui de cette attaque tout en niant toute implication du bout des lèvres. « Nous sommes bien sûr heureux de les observer et nous prévoyons une augmentation du nombre d’attaques. Mais, bien sûr, nous n’avons rien à voir directement avec cela », a affirmé Mykhaïlo Podoliak, l’un des plus proches conseillers du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
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Il n’en reste pas moins que « les photos et vidéos disponibles montrent des engins qui ressemblent beaucoup à des drones de surveillance fabriqués en Ukraine », précise Huseyn Aliyev. « Tout indique qu’il s’agit d’UKRJET UJ-22, des drones civils ukrainiens de surveillance qui peuvent être équipés de petites charges explosives », précise Danilo delle Fave, spécialiste en stratégie militaire à l’International Team for the Study of Security (ITSS) Verona.
L’avantage de ces engins ? Ce sont des drones à longue portée. « Ils peuvent voler sur 800 km, voire 1 000 km en les modifiant », note Danilo delle Fave. Ils ont donc pu être lancés depuis l’autre côté de la frontière ukraino-russe, qui se trouve précisément à un millier de kilomètres de la capitale russe.
Œil pour œil, capitale pour capitale ?
Cette attaque semble s’inscrire dans une campagne plus large d’incursions ukrainiennes en territoire russe. Il y a eu le raid de la légion « Liberté de la Russie » dans la région russe de Belgorod, au nord de Kharkiv, une autre incursion près de Briansk, non loin de la Biélorussie, ou encore l’envoi de drones navals pour endommager la flotte russe stationnée autour de la Crimée.
Un effort général qui viserait « à obliger Moscou à mobiliser des troupes pour défendre le territoire russe, alors qu’elles pourraient être utiles plus au sud de l’Ukraine et dans le Donbass, où la contre-offensive ukrainienne serait en train de se préparer« , souligne Huseyn Aliyev.
Mais cette fois-ci, il s’agit tout de même de Moscou. Ce n’est certes pas la première fois que la capitale russe est visée par un drone. Début mai, la Russie a reconnu avoir déjoué une attaque venant des airs au-dessus du Kremlin. Les autorités russes avaient même soutenu qu’il s’agissait d’une tentative d’assassinat contre Vladimir Poutine.
L’attaque de mardi matin était cependant autrement plus importante. « C’est une escalade car il ne s’agit plus d’un seul drone comme début mai, mais de plusieurs, qui sont aussi plus perfectionnés et équipés de charges explosives plus importantes », résume Huseyn Aliyev.
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L’importance de l’attaque et la cible choisie suggèrent aux experts interrogés par France 24 qu’il ne s’agit pas seulement d’une énième incursion afin de contrecarrer les plans de Moscou pour organiser ses troupes en vue de la contre-offensive ukrainienne.
« Si les Ukrainiens avaient voulu démontrer les failles des défenses antiaériennes russes, ils n’auraient pas choisi de viser Moscou, qui reste la ville la mieux protégée du pays », assure Gustav Gressel. « Frapper des cibles comme des dépôts de munitions ou des aéroports sur le sol russe aurait probablement davantage poussé l’armée russe à renforcer ses défenses sur le territoire national », estime cet expert militaire.
« C’est plutôt une réponse de l’Ukraine aux bombardements qui visent Kiev depuis quelques jours », assure Danilo delle Fave. Œil pour œil, capitale pour capitale, en quelque sorte. Certes, l’intensité de l’attaque des drones n’a rien à voir avec la violence des bombardements de missiles russes sur Kiev. Mais c’est le message le plus clair à ce jour « pour dire aux Russes que leur capitale est à portée des armes ukrainiennes », assure Huseyn Aliyev.
Faire peur aux riches
Et pas n’importe quels Russes ! Les images de nuages de fumée dans les quartiers huppés suggèrent que Kiev est capable de « viser les lieux de villégiature de l’élite moscovite, là où même Vladimir Poutine est censé avoir une résidence », précise Gustav Gressel.
C’est probablement aussi un galop d’essai. « Pendant tout l’hiver, les industries militaires ukrainiennes ont tourné à plein régime pour construire des milliers de drones. Il est temps de les utiliser et l’attaque de mardi matin démontre que Moscou pourrait être l’une des principales cibles », résume Huseyn Aliyev.
Dans ce contexte, Kiev aurait pu assumer plus ouvertement son attaque. Certes, il lui faut ménager les susceptibilités de ses alliés de l’Ouest. « Les Ukrainiens peuvent difficilement reconnaître officiellement qu’ils opèrent sur le sol russe car le soutien logistique occidental est conditionné au fait que Kiev ne doive que se défendre », rappelle Danilo delle Fave.
Mais l’Ukraine a aussi une autre raison de rester floue. « C’est une manière de nourrir la paranoïa de l’état-major russe », poursuit ce spécialiste. Le Kremlin ne peut jamais écarter l’hypothèse d’un ennemi de l’intérieur qui travaillerait de concert avec Kiev pour déstabiliser le pouvoir russe. De quoi donner l’impression à Moscou que son armée doit se battre sur plusieurs fronts, contre plusieurs ennemis.
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